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Le chêne du Roi-Soleil,
un arbre remarquable

350 ans, 5 m 40 de circonférence,
22 mètres de hauteur

Au fil des visites à la source du Loir au cœur du village de Saint-Éman, nombreux sont les visiteurs à remarquer la beauté et le port imposant du chêne plusieurs fois centenaire situé sur le côté sud de l’église. Et souvent la même question : « Ce chêne est-il inscrit à l’inventaire des arbres remarquables du département ? »… C’est aujourd’hui chose faite. 

Le vendredi 1er avril 2022, la parution d’un article dans l’Écho républicain sur le patrimoine arboré eurélien a été une belle occasion pour la municipalité d’entreprendre une démarche auprès du Conseil départemental.

 

Dès le 7 avril, la Direction du patrimoine culturel en charge du dossier nous adressait cette réponse :

 

« Nous vous remercions de l’attention que vous portez à notre projet et sommes très intéressés par cet arbre magnifique que nous souhaitons valoriser et intégrer à notre carte dynamique.

Un photographe, un télé-pilote de drone et un agent du département devraient ainsi se déplacer sur le secteur sud-ouest du département afin de réaliser quelques photos et mesures le mardi 3 mai ».

Ce chêne a toute une histoire à nous conter… et serait prolixe à nous décrire les us et coutumes des habitants du village au cours de ces derniers siècles ! Il s’agit aussi d’un véritable rescapé. Avec la bienveillance toute proche de la statue de saint Éman on pourrait même ajouter qu’il est un miraculé !

Le 15 février 1856, dix-sept arbres de haute futaie du cimetière étaient adjugés par le Conseil municipal. Ils couvraient en partie les rampants sud de la toiture de l’église. Les chênes  entretenaient une humidité constante au pied des murs et endommageaient la toiture, par leurs branches, les jours de grand vent. En 1879, la coupe des arbres permit également de réaliser la construction du mur en silex autour du cimetière.

Le chêne que l’on a le plaisir d’admirer aujourd’hui, mêlait son feuillage à ceux qui étaient appelés à  tomber sous les coups de hache des bûcherons. Il doit son salut au fait qu’il était situé à l’arrière du petit fossé alimenté par les sources de l’actuelle peupleraie sur les terres du Comte Louis de Malart.  Il a survécu également car son statut de « chêne têtard » avec son tronc à deux branches charpentières, faisait que sa valeur marchande était bien en deça de celle des magnifiques fûts des chênes voisins. Du bois de second œuvre à la rigueur ! Cela a fait dire à un visiteur : « Être différent des autres peut être salvateur, la preuve ! ».

L’âge de ce chêne est estimé à 350 ans, il a pris racine sous le règne de Louis XIV, vers 1672, ce qui lui vaut aujourd’hui le nom de baptême de « Chêne du Roi-Soleil ». À l’époque, le seigneur des lieux était René du Mouchet de La Mouchetière de Saint-Éman.

NDLR : Louis XIV, roi de France et de Navarre, a également laissé ses empreintes, son effigie en particulier, sur les pièces de monnaies trouvées lors de la restauration du maître-autel de l’église en octobre 1992, témoignages des offrandes faites à saint Éman pour ses intercessions divines.

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Photos drone et photographe du 3 mai 2022 © Conseil départemental d’Eure-et-Loir + 2 photos © C.Guyon du 9 avril 2022

Carte d’identité du chêne : 

  • Date de naissance : à Saint-Éman au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle.

  • Domicile : coordonnées GPS : 48°19’15.8’’N  1°12’54.0’’E

Il est visible du domaine public à partir du site des sources du Loir en prenant la direction du chemin menant à l’étang communal « Choquet » géré par les Brochetons du Loir. Le chêne est situé dans le périmètre de protection de l’église dont le porche-caquetoire a été inscrit en janvier 1928 à l’inventaire des Monuments Historiques.

  • Nom de baptême : Chêne du Roi-Soleil.

  • État général : Bon avec toutefois, à la jonction des deux branches charpentières, une présence de traces d’humidité persistantes et de mousse.

  •  

  • Signes particuliers : Chêne pédonculé d’une circonférence de 5 mètres 40, hauteur de 22 mètres. Tronc constitué de deux rejets charpentiers originaires d’une souche unique. A noter un bourrelet autour d’une branche à l’arrière, côté sud, en forme d’essaim de guêpes. Houppier équilibré et dense avec présence de quelques branches « faiseuses de veuves (*)».

(*) NDLR : Une faiseuse de veuve est une grosse branche morte qui se détache quand le bûcheron commence à couper ou à élaguer  un arbre. La chute de ces branches peut être mortelle faisant de l’épouse du bûcheron… une nouvelle veuve. En janvier 2020, la Mutualité Sociale Agricole, dans son bulletin national, indiquait que la chute de ces branches avait occasionné au sein de la famille des bûcherons 5 morts et plusieurs blessés au cours de l’automne et de l’hiver 2019.

  • Critères biologiques : Fructification et feuillage abondants. Tronc divisé avec écorces nervurées et profondes. Croissance en milieu humide, le chêne est longé sur deux côtés (N et O) par des fossés drainant des eaux de sources captées.

L’inscription du chêne de Saint-Éman à l’inventaire départemental des « arbres remarqués » fait qu’il entre désormais dans le nouveau circuit touristique thématique permettant de rencontrer des visiteurs venus découvrir les vieux arbres d’Eure-et-Loir… une étape avant de poursuivre bien souvent vers le « Gros chêne » de Meaucé-La Loupe (650 ans), et aussi vers la forêt de Senonches avec le « chêne fauteuil » (320 ans) et les « Trois Frères » (300 ans)….

Pour information, le plus vieil arbre de France est un olivier qui aurait 2000 ans situé à Roquebrune-Cap-Martin dans les Alpes-Maritimes.

Cet article consacré au « chêne du Roi-Soleil » est aussi une belle occasion d’évoquer un autre chêne qui se dresse dans les bois de la commune de Saint-Éman. Ce magnifique arbre se trouve malheureusement sur une parcelle privée pour la plus grande déception des promeneurs curieux et intéressés… Sa circonférence est de 7 mètres 20, le tronc creux, mais le feuillage encore bien fourni au cours de cet été 2022 pourtant marqué par la canicule. Ce chêne a fière allure au milieu de la clairière, à proximité de la vallée du Gros caillou. Son âge est estimé à 480 ans et serait de l’époque du règne du roi François 1er (1494-1547). Les photos annexées au présent article portent témoignage de l’existence de ce chêne séculaire sur les terres de Saint-Éman qui reste aujourd’hui inaccessible au public.

Enseignant et tableau noir

Connaître l’âge
et la hauteur
d’un arbre

Il est courant de s’entendre dire que pour calculer l’âge d’un arbre il suffit de compter le nombre des anneaux concentriques du tronc. Mais nous n’allons pas nous résoudre à couper tous les arbres pour connaître leur âge ! Nous allons employer une méthode plus douce et respectueuse de la Nature.

 

Voici la formule mathématique que nous utilisons à partir des informations obtenues sur Internet :

 

1/ Mesurer la circonférence de l’arbre à une hauteur de 1,40 m du sol.

2/ Calculer le diamètre du tronc en divisant la circonférence par π  (3.1416)

3/ Ensuite multiplier le diamètre obtenu par :

            1.5 : pour l’érable, l’orme, le peuplier.

            2 :    pour le bouleau, le pin, le frêne, certains chênes selon zone de croissance.

            2.5 : pour le hêtre

            3 :    pour le noyer.

 

Avec cette méthode vous obtiendrez l’âge approximatif de l’arbre avec une bonne marge de fiabilité.

 

Pour les chênes de Saint-Éman, nous avons retenu un coefficient multiplicateur moyen de 2.10 compte-tenu de la nature et de l’humidité des sols. Les chênes se trouvent dans un coefficient compris entre 2.0 et 2.5…

Si vous souhaitez connaître la hauteur d’un arbre, nous vous conseillons la technique de « La croix du bûcheron » :

 

1/ Prenez deux petites baguettes de bois de la même longueur, placez-les devant votre œil comme sur le dessin. (NDLR : Qui sait ?  l’expression « avoir une poutre dans son œil » vient  peut être de là !).

2/ Reculez jusqu’à ce que l’arbre semble de la même taille que la baguette verticale.

3/ Mesurez la distance qui vous sépare de l’arbre : c’est la même que sa hauteur !

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