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Saint-Éman vu par les Japonais

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Les Japonais ont une sensibilité toute particulière pour l’œuvre et l’univers de Marcel Proust. Certains d’entre eux entreprennent un pèlerinage dans le pays de Combray pour démêler les transpositions, nombreuses, des personnages, des lieux qui imprègnent À la recherche du temps perdu, leur pérégrination les conduisent du côté de Guermantes où se niche le petit village de Saint-Éman, qui renaît littérairement sous le nom de Saint-André-des-Champs où coule la source de la Vivonne, l’entrée des enfers dans l’imaginaire d’un petit garçon se prénommant Marcel…

 

On ne peut pas vous cacher notre étonnement de découvrir des photos de notre église et de notre lavoir dans un ouvrage enjolivé par l’élégante calligraphie de caractères japonais, véritables enluminures.  Le lecteur japonais, de par sa culture, a perçu dans l’écriture de Proust un faisceau de traits stylistiques et artistiques. Les syllabaires hiragana et katakana restent pour la grande majorité d’entre nous des caractères complètement hermétiques mais ils flattent notre fierté d’Émanois de trouver ainsi des images de lieux qui nous sont familiers, partagées par des lecteurs au pays du Soleil-Levant.

  • Vu par Nagahiro Kinoshita

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M. Nagahiro Kinoshita, né le 24 juin 1939, est un historien d’art, spécialiste du Japon et de l’Asie orientale. De 1983 à 1985, il a fait ses études à Paris comme boursier. Il a enseigné au Collège des Arts de Kyoto, et à Yokohama. Il a également publié et traduit des textes d’Okakura Kakuzo auteur, en 1906, du célèbre « Livre du thé » où l’on perçoit dans l’écriture de Marcel Proust des correspondances avec l’esprit contemporain d’Okakura : « L’action la plus minime, comme celle de boire du thé, nous ouvre au monde de l’art, et aussi celui…. de l’humanité à l’humanithé... ».

 

 Dès les premières phrases de Combray (titre I : Du côté de chez Swann), Marcel Proust  entraîne le lecteur dans le japonisme :

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« Et comme dans ce jeu où les Japonais s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d’eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés, s’étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l’église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé »

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Le contexte, les influences, la sensibilité et le parcours universitaire de Nagahiro Kinoshita l’ont tout naturellement conduit sur les pas de Marcel Proust et de son univers littéraire, entre Combray, le faubourg Saint-Germain et Balbec...

 

C’est au cours de l’été 1996 que Marie-Antoine Monier a accueilli Nagahiro Kinoshita à Illiers-Combray. Ce pèlerin proustien, atteint de poliomyélite, était venu seul en fauteuil roulant, passionné et déterminé qu’il était. Cette rencontre allait permettre à l’auteur de l’ouvrage « Marcel Proust sur la langue » de s’imprégner, à nouveau, de l’atmosphère, et des lieux du pays de Combray, entre la maison de tante Léonie, les senteurs et les jeux de lumières du pré Catelan… jusqu’aux portes du Côté de Guermantes avec le petit village de Saint-André-des-Champs, lieu connu et familier des proustiens et que la carte Michelin localise sous le nom de Saint-Éman

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  • Vu par Michihiko Suzuki

Notre village, sous les traits de Saint-André-des-Champs, et sa rivière la Vivonne sont à nouveau évoqués dans le travail colossal de Michihiko Suzuki, né en 1928, qui a traduit en japonais l’intégrale d’À la recherche du temps perdu. Un article du Journal Du Dimanche, en date du 29 avril 2001, lui a été consacré, il a le mérite de mettre en avant les difficultés à traduire l’œuvre de Proust en japonais, entre autres au niveau de la ponctuation.

Quatre ans auparavant, en mars 1997, Michihiko Suzuki donnait une interview à Libération où il confiait l’influence de Proust sur sa propre existence, sa propre destinée :

  • Vu par Kazuyoshi Yoshikawa

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Le professeur Kazuyoshi Yoshikawa a également consacré toute son existence à la lecture, à l’étude et à l’enseignement de la Recherche. En mars 2020, le coronavirus a gâché la célébration de la fin de son magistral travail de traduction d’À la recherche du temps perdu - la troisième  (*) en japonais – commencé il y a plus de dix ans.

* Après celles de Kyûichiro Inoue, et de Michihiko Suzuki.

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Une interview a été accordée par le professeur Yoshikawa à Nicolas Ragonneau en mai 2020. Nous vous en livrons un extrait :

Dans la revue de la BNF 2011/2, évoquant les travaux du professeur Yoshikawa, on peut également lire une référence à l’église de Saint-André-des-Champs. L’article précise que Proust doit sa connaissance de l’art religieux à des ouvrages d’Émile Mâle publiés au tournant du siècle, notamment à son Art religieux du XIIIe siècle en France, paru chez Ernest Leroux en 1898. Marcel Proust l’a sans doute lu vers 1899, et s’y réfère souvent dans son roman, notamment dans les passages consacrés à l’église de Saint-André-des-Champs.

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