top of page

L'église de Saint-Éman
 

et la Mère générale Marie-Antoinette de la Trinité

de la Congrégation des Petites Sœurs des Pauvres

Mère générale Marie-Antoinette de la Trinité

Le 29 juillet 1997, notre petite église a eu l’honneur de recevoir une délégation d’une cinquantaine de Petites Sœurs des Pauvres venues de leur maison mère, située à Saint Pern, en Bretagne. Elles étaient réunies à Illiers-Combray pour bénir une croix en souvenir de leur Mère Supérieure, Sœur Marie-Antoinette de la Trinité. Cette croix est située au lieu-dit « La Croix des Morins » à la sortie d’Illiers-Combray, en direction de Blandainville… à quelques centaines de mètres de sa maison familiale, rue de Beauce. Sœur Marie-Antoinette de la Trinité est le nom de religion donné à Florence Monier (*) née à Illiers le 18 février 1920 et décédée à Saint-Pern (Ille-et-Vilaine) le 29 mai 1996. Elle a œuvré notamment pour la béatification de la bienheureuse Jeanne Jugan, fondatrice de la Congrégation des Petites Sœurs des Pauvres.

 

(*) NDLR : Les autres prénoms de baptême de Florence Monier sont Marie, Jeanne et Adrienne.

« La Croix des Morins » à la sortie d’Illiers-Combray

Sur la plaque apposée le jour de la bénédiction, on peut lire : 

 

« EN SOUVENIR DE MÈRE MARIE ANTOINETTE DE LA TRINITÉ FLORENCE MONIER 1920-1996 SUPÉRIEURE GÉNÉRALE DES PETITES SŒURS DES PAUVRES 1964-1996 ».

Plaque en hommage à Florence Monier, Mère Marie-Antoinette de la Trinité

La Supérieure Générale de la congrégation des Petites Sœurs des Pauvres était la sœur de Marie-Antoine Monier, notre pourvoyeur de précieuses informations sur le patrimoine et les illustres personnages de la région d’Illiers-Combray. La fratrie se composait d’Henri, l’aîné, né en 1910 ; de Mariette née en 1917 ; de Florence, née en 1920 et du benjamin Marie-Antoine né en 1923.

 

Lors d’une conversation le 11 mars 2022 avec Jeanne Monier-Godard, et avec son aimable autorisation, nous savons et pouvons écrire, qu’enfant, Florence Monier, venait au pèlerinage de la saint Éman avec sa tante Marguerite Barrois. La famille avait un attachement particulier au culte de ce saint et à sa traditionnelle procession au mois de mai de chaque année. La vocation religieuse de Florence Monier serait née des valeurs spirituelles nourries et entretenues par sa marraine Marie.

 

Marie-Antoine apportait quant à lui le témoignage suivant : « Mon frère Henri, médecin, atteint d’une leucémie, contractée probablement dans un service de radiologie, a fait preuve d’un courage extraordinaire jusqu’aux derniers instants de sa vie. En le soignant, Florence a été le témoin privilégié d’une mort chrétienne… qui bouleverse. Henri avait une admiration particulière pour le Père Riquet, jésuite, qui, à l’époque de ses études, était aumônier des étudiants en médecine. Le Père Riquet n’a t-il pas été aussi, pour Florence, un guide précieux ? »

 

Une lettre adressée le 12 mai 1985, par sa sœur Mariette, à Gérard Courteil, maire de Saint-Éman, confirme l’intérêt porté à notre village par toute la famille Monier.

 

« Cette petite église m’a toujours été très chère car depuis mon enfance j’y suis venue en pèlerinage, même à pied un été où il faisait très sec pendant la guerre... ».

En feuilletant la presse locale, dans l’édition du Journal de Brou d’août 1928, on apprend que Florence Monier était une très bonne élève, recevant un prix d’excellence lors de la remise des prix à Illiers.

 

Florence était une petite très vive, joyeuse et donnait déjà les marques d’un caractère bien trempé.

Dans l’hommage rendu dans « Découverte » le bulletin des Petites Sœurs des Pauvres en juillet 1996, sa sœur Mariette disait que « La personne qui nous apprit à lire à la maison se rendait compte du fort tempérament de ma sœur ! ‘Plus tard, elle fera marcher un régiment’, dira-telle un jour à Maman. Elle ne se trompait pas ! Il y a quelques semaines j’ai revu l’une des institutrices de l’école primaire d’Illiers ; elle me parlait de ma sœur qui avait tous les premiers prix, sauf celui de sagesse ! Très vivante, elle avait toujours la répartie et quand elle voulait quelque chose, elle le voulait ! »

Florence Monier récompensée du prix d'excellente après son CM1 en 1928
 « La petite sœur des pauvres », roman de Marcel Priolet

En décembre 1938, le journal local, à Illiers, proposait un roman feuilleton à lire… portant un titre prémonitoire….  « La petite sœur des pauvres », roman de Marcel Priolet.

Majeure, en 1941, Florence attendra encore une année avant de quitter les siens, ne voulant pas ajouter une autre douleur à ses parents après la mort de leur grand fils, Henri.

 

Son vœu le plus cher était d’ « être Petite Sœur cuisinière en Chine ! ». Le Seigneur en décidera autrement… elle marchera dans les pas de Jeanne Jugan pour éclairer les missions des Petites Sœurs des Pauvres à travers le monde à partir de la Tour St-Joseph de Saint-Pern, qui se dresse tel un phare de miséricorde et de bonté divine. Des nombreux pays qu’elle visita, la Chine occupa une grande place. À sa mort, le Cardinal Ignatius Kung, évêque de Shanghai depuis 1950, lui a rendu un poignant témoignage.

NDLR : Mère Marie-Antoinette de la Trinité visitera les communautés des Petites Sœurs dans les pays lointains : 1960, Secunderabad en Inde ; 1963, Aberdeen, Hong Kong ; 1963, Brooklyn, États-Unis ; 1973, Samoa Occidentales ; 1987, Santiago au Chili ; 1992, Enugu, Nigéria ; 1992, Cheong ju, Corée ; 1992, New-York … 

Florence Monier lors de sa communion solennelle le 14 juin 1931
Florence Monier, Petite Soeur Novice en 1943-1944
Marie-Antoine, Florence et Mariette Monier, en 1940

Par courrier adressé à la mairie de Saint-Éman, Marie-Antoine Monier nous annonçait qu’il allait accueillir le mardi 29 juillet 1997, une « soixantaine de petites sœurs venant de Bretagne » pour partager un frugal déjeuner sur place, à la salle communale, avec ensuite une visite de « la petite église et le joli site des sources du Loir » … savaient-elles que la cloche de l’église de Saint-Éman avait reçu, en 1871, pour nom de baptême : « Marie-Antoinette » ?

​​

Le 31 juillet, un courrier de remerciement de Marie-Antoine Monier nous parvenait :

« Nous avons passé, mardi, à St Eman une excellente journée. Les sœurs, presque cinquante, venues de nombreux pays, la supérieure est américaine (NDLR : Mère Céline de la Visitation), ont été enchantées par ce joli village. Après le repas : Madame Contet veillait à la réussite du service, aidée par les sœurs habituées à ce travail, nous avons visité l’église. Certaines sœurs ont été jusqu’au premier étang, trois jeunes sont revenues à pied à Illiers ».

Notre texte se présente comme un modeste hommage à la Congrégation des Petites Sœurs des Pauvres et à celle qui fut leur Mère Supérieure jusqu’en 1996, Sœur Marie-Antoinette de la Trinité, qui, lors de sa jeunesse, conduisait ses pas à Saint-Éman partageant, avec nous, le même attachement pour ces lieux et pour le culte de son saint patron.

 

Sœur Marie-Antoinette de la Trinité est inhumée, pour un repos éternel, dans le cimetière de la Tour Saint-Joseph à Saint-Pern. Sa tombe est marquée d’une croix blanche, ornée d’un rosier aux teintes douces et pastel, une simplicité à l’image de l’humilité des Petites Sœurs des Pauvres : « À notre mort, le bon Dieu ne nous demandera pas si nous étions Bonne Mère Générale ou Petite Sœur cuisinière ».

Tombe de Soeur Marie-Antoinette de la Trinité au cimetière de la Tour Saint-Joseph à Saint-Pern

Les Cahiers Eudistes, dans l’édition n° 19, en lui rendant hommage, nous invitent à partager son engagement et ses missions dans un texte que nous vous retranscrivons :

Sœur Marie-Antoinette de la Trinité

Supérieure Générale des Petites Sœurs des Pauvres 1920 – 1996

 

Née le 9 février 1920 à Illiers (Eure-et-Loir), dans une famille de médecins, Florence Monier entend très jeune, l’appel de Dieu à vivre entièrement pour lui, dans une vie pauvre et cachée.

 

Après ses études secondaires au Lycée de Chartres et devant la résistance de ses parents à tout projet de vie religieuse elle entreprend des études de médecine à Paris. Elle y découvre, proche du foyer d’étudiantes où elle loge, une maison de Petites Sœurs des Pauvres. C’est là que le Seigneur lui montre clairement sa route. L’humilité de cette vocation où rien de brillant ne force l’attention, cette vie de service et de charité vécus dans l’obscurité et pour Dieu seul l’attire… le 14 juillet 1942, en pleine guerre, Florence quitte les siens pour devenir Petite Sœur.

 

Celle qui s’appellera désormais Sœur Marie-Antoinette de la Trinité prononcera ses premiers vœux à la Tour St Joseph le 16 janvier 1945. Elle sera ensuite au service direct des personnes âgées à Blois, Paris et Rennes, puis apportera son concours dans la formation des novices, tout en se préparant elle-même à son engagement perpétuel.

 

C’est avec la responsabilité de la grande maison de Picpus à Paris que Sœur Marie-Antoinette quitte la Tour St Joseph après sa profession perpétuelle, faite le 15 octobre 1949. Trois ans plus tard elle arrive à Lyon (Villette), avec la charge de Supérieure et d’Assistante provinciale. En août 1955, la province de Rennes lui est confiée ; comme dans les charges précédentes elle y sera très ouverte, active, appréciée et aimée. Elle n’y restera toutefois que très peu de temps, appelée en août 1957 à la maison mère, pour remplir au Conseil général la mission de première Assistante générale.

 

Le 8 septembre 1964, mère Marie-Antoinette est élue à la charge de Supérieure générale. Réélue dans cette même fonction aux chapitres généraux suivants (1970, 1976, 1983 et 1989), son influence à une époque cruciale de la vie de l’Église sera remarquable, sur la Congrégation et au-delà. Ouverte au renouveau demandé par le concile Vatican II, elle y entre résolument avec dynamisme et sagesse.

La participation de Mère Marie-Antoinette au synode des évêques sur « la vie consacrée et sa mission dans l’Église et le monde », tenu à Rome en octobre 1994, est un point fort de son généralat.

Revenue souffrante en 1995 d’un voyage en Extrême-Orient, Mère Marie-Antoinette retrouve difficilement ses forces. Le 18 janvier 1995, à la Tour St Joseph, sera célébré son Jubilé d’Or, 50 ans de vie religieuse.  Fatiguée, elle n’en continue pas moins à assumer sa responsabilité avec son courage habituel. À quelques mois seulement de l’ouverture du Chapitre général, elle s’éteint rapidement dans la paix de Dieu, entourée de sa grande famille de la Tour St Joseph. Elle repose depuis lors dans le cimetière de la communauté où les petites sœurs aiment venir se recueillir.

Jubilé d'Or de Mère Marie-Antoinette, le 18 janvier 1995 à la Tour Saint Joseph
Messe d’action de Grâce présidée par le Cardinal Poupard à la Tour Saint Joseph
Synode des évêques à Rome du 2 au 29 octobre 1994
Jubilé d'Or de Mère Marie-Antoinette, le 18 janvier 1995 à la Tour Saint Joseph

Crédit photos : archives personnelles de Jeanne Monier-Godard.

Le généralat de Marie-Antoinette de la Trinité

(Les Cahiers Eudistes n° 19)

 

Le long généralat de Mère Marie-Antoinette de la Trinité fut particulièrement fécond. Évoquons-en, à grands traits, les principales caractéristiques, elle disait : « Notre bonheur c’est d’être une petite sœur des pauvres ». La vie de Mère Marie-Antoinette fut une illustration vivante de cette parole de Jeanne Jugan. Ce bonheur qui transparaissait dans toute sa personne, motivait aussi son action. Ses circulaires, visites, entretiens personnels et communautaires, ses multiples démarches n’avaient pour but que d’enraciner dans le cœur des Petites Sœurs la haute estime qu’elle portait elle-même à la vie consacrée, à notre charisme propre, spirituel et apostolique.

 

Avec l’aide de sa première assistante, elle travailla au renouvellement de nos constitutions qui furent approuvées par l’Église le 25 mars 1994.

 

Le bonheur d’être petite sœur des pauvres, Mère Marie-Antoinette en avait acquis le devoir. Elle n’eut de cesse d’approfondir et de faire connaître le vrai visage de Jeanne Jugan, d’intensifier son rayonnement.

 

« La Congrégation est l’œuvre de Dieu : Il s’était servi de sœur Marie de la Croix (*) et, à travers elle, son efficacité divine a pu réaliser son projet. La merveille, ce n’est pas d’abord l’extension de l’œuvre, c’est la belle et pure grandeur du cœur de Jeanne Jugan que Dieu s’est donné pour cela » écrivait-elle un an avant sa mort.

(*) NDLR : Sœur Marie de la Croix est le nom de religion de Jeanne Jugan.

Ces lignes donnent la clé de l’intense activité qu’elle déploya pour redonner à Jeanne Jugan toute sa place et faire aboutir sa cause de béatification. Elle sut s’entourer de collaborations diverses, à l’intérieur comme à l’extérieur de la congrégation, pour que soit reconnue la sainteté de cette « très humble cancalaise si pauvre de biens mais si riche de foi ».

 

La célébration du 3 octobre 1982 à St Pierre de Rome, au cours de laquelle le pape Jean-Paul II proclama Jeanne Jugan « Bienheureuse » fut sans nul doute, pour la Mère Marie-Antoinette (*) l’un des moments les plus forts de son existence.

(*) NDLR : Dans son allocution, retranscrite dans l’Osservatore Romano, le pape Jean-Paul II, souligne le dévouement de Sœur Marie Antoinette : « Chers pèlerins de la bienheureuse Jeanne Jugan et amis des Petites Sœurs des Pauvres, permettez-moi d’abord de remercier la Révérende Mère générale Marie-Antoinette de la Trinité, pour l’à-propos et la brièveté de ses paroles, et de la féliciter de toute la peine qu’elle s’est donnée, avec ses Sœurs, pour préparer cet événement qui marquera l’histoire de la Congrégation ».

Après avoir été béatifiée en 1982 par Jean-Paul II, Jeanne Jugan a été canonisée par Benoît XVI le 11 octobre 2009.

Mère Marie-Antoinette de la Trinité avec le Pape Jean-Paul II à Rome le 4 octobre 1982 pour la béatification de Jeanne Jugan
/St Pierre de Rome béatification de Sœur Marie de la Croix, Jeanne Jugan, « Bienheureuse », le 3 octobre 1982
Le Pape Jean-Paul II écoutant les sentiments de la grande famille de Jeanne Jugan exprimés par Mère Marie-Antoinette de la Trinité

Crédit photos : archives personnelles de Jeanne Monier-Godard.

Il faudrait encore souligner son zèle communicatif pour l’essor des vocations. Son vœu le plus cher était de voir dans chaque Petite Sœur, « une fille de Sœur Marie de la Croix ». Toutes, d’ailleurs se savaient, se sentaient aimées, de manière personnelle, concrète. Rendre les pauvres, heureux, c’est tout.

 

Comme Jeanne Jugan, qui rappelait sans cesse aux novices que « le pauvre, c’est Notre Seigneur », Mère Générale Marie-Antoinette avait pour les personnes âgées un amour profond plein de respect, de compréhension, d’humilité. Un amour enraciné dans le Cœur de Jésus.

 

C’est dans ces profondeurs qu’il faut chercher la source de son action incessante pour améliorer les conditions d’accueil des personnes âgées, moderniser les équipements de soins, assurer aux Petites Sœurs une formation professionnelle adéquate, et l’aide d’un personnel salarié devenu indispensable, sans perdre de vue la sauvegarde de « l’esprit de famille » des origines.

 

Les premières chambres individuelles pour les personnes âgées lui sont dues. De même l’organisation de pavillons ou studios pour couples, les reconstructions ou réaménagements de maisons vétustes, l’extension des logements-foyers, etc... L’accueil des prêtres âgés, comme l’accueil de jour d’anciens et, plus récemment, les séjours temporaires en vue du bien des familles, lui tenaient à cœur.

 

Convaincue de la nécessité d’une animation pour le bonheur des personnes âgées, Mère Marie-Antoinette l’encouragea toujours sous ses diverses formes : artisanat, animation culturelle, séjours de vacances, échanges entre maisons de pays industrialisés et de pays moins favorisés… de même que la recherche d’une pastorale adaptée, à caractère œcuménique et missionnaire, dans le respect des libertés et des consciences.

 

Ses nombreux voyages à travers le monde lui permettront une connaissance directe des pays, des cultures, des évolutions en cours. Trente-trois maisons furent ouvertes durant son généralat, en majorité dans les pays aux besoins les plus urgents. Ainsi datent de cette période les premières implantations à Taïwan, en Afrique, aux Samoa occidentales et en Corée du Sud.

 

Le combat de Mère Marie-Antoinette pour le respect de la dignité des personnes âgées et pour la défense de leur vie jusqu’à son terme est bien connu. La proposition de résolution admettant de façon explicite le principe de l’euthanasie, adopté le 25 avril 1991 par une commission du Parlement européen provoque sa réaction immédiate. Au nom des personnes âgées, au nom des Petites Sœurs des Pauvres, elle écrivait le 9 mai un texte de protestation, publié dans la presse et transmis aux parlementaires européens des pays où la Congrégation est implantée. Devant la montée des courants en faveur d’une législation de l’euthanasie, en France et dans nombre d’autres pays, elle se préoccupait de rendre toujours plus efficace la défense de la vie.

 

« C’est de l’Église que tout le bien nous vient ». Mère Générale Marie-Antoinette a fait sienne cette parole de Jeanne Jugan. Fille de l’Église, elle le fut à un degré remarquable dans l’exercice de la mission que le Seigneur lui avait confiée.

Mère Marie-Antoinette avec le Pape Jean-Paul II en 1981

Son attachement au Souverain Pontife était incontestable, sa fidélité, sans faille et son obéissance indéfectible. Soucieuse de guider la Congrégation dans la droite ligne de l’Église, elle n’hésita jamais à solliciter lumières et conseils près des diverses instances romaines.

 

C’est de multiples façons qu’elle donne la preuve de ce « sens de l’Église » qui l’habitait. Ainsi, en collaboration avec le Père Jean Beyer, jésuite, doyen de la faculté de droit canonique de l’université grégorienne, elle entreprit l’édition et la diffusion des principaux textes du Pape Jean Paul II aux religieux et religieuses, en français, anglais et espagnol. Le huitième tome de ses ouvrages, enrichis d’une synopse, est sorti de presse en 1996.

Mère Marie-Antoinette avec le Pape Jean-Paul II en 1993

Bien d’autres initiatives pourraient être relevées. Évoquons-les simplement en citant le Préfet de la Congrégation des Évêques. Parlant de son attachement au « Siège de Pierre et au Magistère du Pasteur Universel », le Cardinal Gantin pouvait dire : « On n’en finirait pas d’énumérer les preuves concrètes et souvent renouvelées, lors de ses visites à Rome, de sa fructueuse participation à tant d’occasions de fêtes, de travail et de partage dans la communion universelle. La joie et l’honneur, l’espérance et les progrès de l’Église étaient pour Mère Marie-Antoinette des motifs de réconfort et d’exultation ; c’est le magnificat des âmes qui sont bienheureuses d’avoir cru à ce que Dieu opère, souvent dans l’invisible, en faveur des hommes, surtout des plus pauvres, abandonnés et oubliés ».

 

Dans un entretien donné à la Communauté de la maison mère des petites Sœurs des Pauvres à Saint-Pern, en avril 1966, Mère Marie-Antoinette déclarait : « À notre mort, le bon Dieu ne nous demandera pas si nous étions Bonne Mère Générale ou Petite Sœur cuisinière. Il nous demandera : « Comment m’avez-vous aimé ? Qu’avez-vous fait pour entrer pleinement dans mon bon plaisir, pour remplir la tâche que je vous avais confiée ? » C’est dans cette atmosphère là que l’on peut trouver la vraie charité, la juste compréhension et cette attitude de service qui doit garder chacune à sa place, chacune disponible pour comprendre et pour aider les autres, dans cet esprit d’humble service les unes vis à vis des autres... ».

 

 

Le 1er juin 1996, à la Tour St Joseph, la messe d’A-DIEU à Mère Marie-Antoinette de la Trinité a été célébrée par Mgr Jacques Jullien, Archevêque de Rennes, rappelant l’abnégation et la foi des Petites Sœurs des Pauvres : « Nous sommes pressés de toutes parts, mais non pas écrasés, ne sachant qu’espérer, mais non désespérés, abattus mais non anéantis ».

Que Jeanne Monier-Godard soit ici remerciée de nous avoir ouvert les archives familiales et consacré du temps pour nos cordiales « causeries » comme aux veillées d’autrefois, au coin du feu, afin de dépoussiérer les histoires et les anecdotes du siècle dernier. En écho, nous entendions son mari, Marie-Antoine, nous rappeler : « Moi, je connais Illiers et ma femme connaît Proust ». De véritables passeurs de mémoire… d’Illiers à Combray.

bottom of page