Les seigneurs de Saint-Éman
Notre propos n’est pas de vous perdre dans une forêt d’arbres généalogiques avec pléthore de ramifications et d’inextricables cépées. Nous allons jalonner à grands traits la lignée des seigneurs et des châtelains qui ont fait l’histoire de notre village, de la fin du XIe siècle jusqu’au début du XXe siècle… un long pèlerinage toutefois, malgré les raccourcis qui ont toujours, à notre insu, le vice de rallonger le parcours !
Malgré nos recherches, la période allant des années 1200 à 1550 reste muette sur le fief de Saint-Éman. Le territoire actuel était morcelé et plusieurs lieux-dits étaient concédés, apportés en dot au fil des mariages ou donnés en héritage entre seigneurs riverains comme le seigneur Du Mouchet de la Mouchetière de Saint-Éman, de Guignonville, de Boisbenard en 1679.
Comme toute histoire, il y a un début et une fin. Au plus loin que nous permettent de remonter les archives, nous trouvons le seigneur Ansold de Mongerville (*) et au plus près de nous, le comte Louis Antoine « Edgar » De Goussencourt. Une période qui court de l’an 1050 jusqu’à l’année 1920…
(*) NDLR : Mongerville vient du nom d’un hameau de Santeuil, à l’est de Chartres, au sud d’Auneau, raison pour laquelle on retrouve le nom d’Ansold de Mongerville dans les actes visant les terroirs de Saint-Éman et aussi ceux d’Auneau et de Gallardon.
Certains personnages ont plus particulièrement marqué les lieux et le patrimoine local. Leurs noms se trouvent régulièrement cités dans les registres paroissiaux et dans les actes notariés conservés à partir du XVIIe siècle. L’église de Saint-Éman est le seul témoin encore debout de ces dynasties du passé. Dix siècles qu’elle veille sur les lieux qui constituent notre cadre de vie telle un phare au milieu des champs et des près moutonnants hérissés de bois et de bosquets, récifs champêtres.
Les familles féodales et aristocrates comptaient un grand nombre de compagnons d’armes, d’officiers, de commandeurs et de... bâtisseurs. Le village « contemporain » en garde quelques traces avec l’ancienne école, quelques anciennes maisons dans le bourg construites après la guerre de 1870… sans oublier le château, berceau de ces dynasties.
Pour ces illustres familles le temps a également fait son œuvre en effaçant les armoiries des différents blasons tant sur le fronton de l’église que sur la porte d’enceinte du château. A l’intérieur de l’église, les blasons sculptés sur les entraits, encore visibles, témoignent quant à eux de la reconnaissance des seigneurs de la paroisse à ceux d’Illiers, descendants de Florent d’Illiers.
A travers les époques, les grandes familles, propriétaires des terres et des métairies, prennent dans les divers documents les titres d’escuyer, de sieur, et de seigneur. Après la Révolution de 1789, toute trace de noblesse est gommée, effacée, et les châtelains du village, dans les différents actes, sont désormais désignés comme « propriétaire ». Nous en avons une parfaite illustration avec Louis François Alexandre Malart (1774-1858) qui a perdu sa particule et devint l’un des premiers maire « citoyen » d’Éman (Le village ayant aussi perdu son Saint) de 1804 à 1837.
XIe siècle : famille De Mongerville
À cette époque, le Royaume de France est gouverné par Philippe 1er de la dynastie des Capétiens. En 1066, Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, conquiert la couronne d’Angleterre. En 1095, est lancée la Première Croisade à la demande du pape Urbain II avec la prise d’Antioche (Au sud de la Turquie, pays natal de saint Éman) et de Jérusalem. C’est dans ce contexte qu’apparaît dans les archives le nom d’Ansold de Mongerville, (Ansoldus de Mungerii Villa) seigneur des terres de Saint-Éman. Il était un contemporain du seigneur Basin d’Illiers. Ils se sont côtoyés à l’occasion de la fondation du prieuré de Vieuvicq, « prieur de vieuvy », nouveau fief de la célèbre abbaye de Marmoutiers (*) à Tours. Le chevalier, Ansold de Mongerville, a dû être encouragé à bâtir à son tour un sanctuaire sur les lieux mêmes du martyre de saint Éman, dépossédé du culte et de la vénération de l’évangélisateur venu de Cappadoce suite à l’initiative de l’évêque de Chartres de transposer les reliques du saint à l’église Saint-Maurice au cours du siècle précédent. Le nom d’Ansold de Mongerville est mentionné comme témoin dans les actes du prieuré de Vieuvicq aux côtés des chevaliers Gosselin de Fréville, Geoffroy du Val d’Esse et Gauthier Maloeuvre.
(*) NDLR : Abbaye bénédictine sur la commune de Sainte-Radegonde, agglomération de Tours, où venait prier saint Martin, évêque de Tours au IVe siècle.
En 1082, Ansold de Mongerville est cité comme témoin de Gounier de Molitard dans un acte de donation de voiries aux moines de Saint-Père de Chartres. C’est à cette période que les premières pierres du sanctuaire de Saint-Éman allaient être posées.
« Testes concessionis ejus in hac scedula subscribere usu æclesiastico voluimus. De sua parte : Ansoldus de Mungerii Villa ».
(Traduction Bernard Gineste : « Nous avons voulu noter les témoins de ce consentement sur cette charte ci-dessous selon l’usage ecclésiastique. De son côté : Ansold de Mongerville ».
Vers l’an 1100, Hugues seigneur de Gallardon, d’Auneau et autres lieux s’apprêtant à partir en croisade pour la Terre-Sainte fit un don aux religieux d’Auneau : … les fours, la dîme et le tonlieu (*) de toutes les herbes et de tous les fruits, l’étang près du château avec la moitié du moulin… Au nombre des témoins de la donation figurent Ansold de Mongerville, Rainold de Brez (Hameau d’Umpeau), Jean d’Eclimont (Hameau de Saint-Symphorien) …
« Huic vero interfuerunt testes qui hoc audierunt et viderunt: Guarinus clericus, canonicus sancte Marie; Gaufridus mariscalcus; Hugo Fulcoini; Albericus coquus; Ansoldus de Mengervilla; Guido et Milo fratres mei; Haimericus et Herveus balisterii; Rainoldus de Brai; Johannes de Clismunt; Ivo Gaucherii; Iohannes vitulus; Rainardus clericus; Osmundus de Alneel; Guillelmus de Viri; Robertus Brito.»
(*) NDLR : droit de douane qui frappaient les marchandises à leur arrivée à la porte de la ville.
Ansold de Mongerville avait également tissé des liens avec la famille d’Aunay qui possédait des terres à Saint-Avit-les-Guespières, (Santus-Avitus-Guesperiae). Gautier d’Aunay, et sa femme Milsent, y avaient une demeure (domus), ce voisinage expliquait certaines communautés d’intérêts dans les affaires.
Fervent défenseur du prieuré de Vieuvicq, Ansold de Mongerville avait aussi croisé le chemin de Thion chef-de-fer (*), seigneur de Denonville qui avait pris l’habit au prieuré de Chuisnes, habit des moines de Marmoutiers, abbaye à laquelle était aussi rattaché Vieuvicq. La dynastie Chef-de-Fer était une famille vassale des châtelains de Courville-sur-Eure.
(*) NDLR : Chef-de-fer vient de tête de fer (caput ferreum) patronyme illustré par le heaume, casque de cavalerie médiéval.
Le travail de l’érudit Bernard Gineste nous permet d’illustrer cette période de la fin du XIe siècle vécue par Ansold de Mongerville à travers les images de la confrérie des seigneurs et de « nobliaux possessionnés » des fiefs voisins de Saint-Éman entre les châtellenies de Châteaudun, d’Auneau et de Courville-sur-Eure...
Ansold de Mongerville avait un fils prénommé Guillaume, héritier des terres de Saint-Éman. On trouve sa trace dans le Cartulaire de l’abbaye de Saint-Père de Chartres, dans un acte daté entre 1130 et 1150, en qualité de témoin de consentement aux donations de Garin d’Aunay sur son lit de mort :
« Quando Garinus de Alneto, qui cognominatus est etiam Torcul, moriebatur, visitante se domno Udone, nostro sancti Petri Carnoti scilicet abbate, idem egrotus, multis qui presentes aderant videntibus, donavit ecclesie nostre in elemosinam unum arpennum terre apud Theovas situm, prope nostrum quem ibi habemus molendinum; ita videlicet liberum et quietum, ut et decima de eo nostra sit et terragium. Quod patris sui donum filii ejus Adam, Paganus, Galerannus atque Herbertus, et filie Eremburgis et Petronilla, ipso jam defuncto, concesserunt et concedentes, super altare sancti Petri posuerunt. Cui rei affuerunt testes hii: Guillelmus de Mongervilla, Ansoldus de Bello Videre, Goslenus medicus, Ivo de Balneolis, Isembardus de Alberis ».
« Alors que Garin d’Aunay, surnommé Torcul (*), était mourant, lors de la visite que lui rendit dom Eudes, notre abbé, c’est-à-dire à celui de Saint-Père de Chartres, le dit malade, au vu de tous ceux qui étaient présents, a donné en aumône à notre église un arpent de terre situé à Thivars, près du moulin que nous y avons, pour que nous en jouissions librement et paisiblement, et de telle manière que la dîme et le terrage nous en appartiennent. A ce don de leur père ont consenti ses fils Adam, Payen, Galeran et Hébert, et ses filles Arembour et Perronnelle, après sa mort, et ils y ont consenti en la déposant sur l’autel de saint Pierre. A cette affaire ont assisté : Guillaume de Mongerville, Ansoud de Beauvoir, le médecin Joscelin, Yves de Baigneaux, Isembard des Aubées » (Traduction Bernard Gineste).
(*) NDLR : Torcul signifie « Pressoir », sans doute parce que Garin d’Aunay pressurait ses tenanciers, surnom qu’il transmis à son fils Aubert, dit Payen Torcul.
XVIIe siècle : De la famille Du Portail
à la famille Du Mouchet de La Mouchetière
Famille Du Portail, de Bellezaize, de Piguerre, de Gestart
À cette époque, le royaume de France est gouverné par les Bourbons en la personne du roi Louis XIII. La rébellion protestante se fait ressentir dans de nombreuses contrées malgré la poursuite de l’œuvre d’évangélisation des campagnes à l’image de celle entreprise dix siècles plus tôt par saint Éman. Vincent de Paul fonde une congrégation pour le « salut du pauvre peuple des champs » et des pèlerins prennent le chemin d’Auray après l’apparition de sainte Anne à un paysan du village. Au début du XVIIe siècle, on voit apparaître Pierre de Bellezaize dans la châtellenie de Saint-Éman.
Pierre de Bellezaize né en 1595, a été seigneur de Saint-Éman de 1623 à 1653. Nous savons peu de choses sur la vie de Pierre de Bellezaize. Nous trouvons toutefois quelques traces de sa présence à travers les actes des années 1622 et 1624. Les terres de Saint-Éman lui ont été apportées par le mariage qu’il fit avec Marie Du Portail, fille du Sieur Gaspard Du Portail, seigneur des lieux.
-1622, acte de mariage : « Le mardy 5e jour d’apvril 1622, noble homme Pierre de Belleesses, escuier, sieur des Boys, espouza damoiselle Marie Du Portail, fille de honorable homme Gaspard Du Portail, escuyer, sieur dudit lieu et de La Brequerye. »
-1624, acte de baptême : « Le lundy 8e jour de janvier 1624, a esté baptizée Anne de Belleesses, fillez de noble homme Pierre de Belleesse, escuier, sieur de Saint-Éman, et de Marie Du Portail, son espouze. Le parain Gilles de Fontenay, escuier, sieur du Boystier, et damoiselle Anne de Belleesse ».
En 1627, le beau-père de Pierre de Bellezaize est inhumé à Saint-Éman : « Sieur Gaspard Du Portail, escuyer, décedda le 14 juin 1627, et son corps inhumé en l’église de Mr saint Éman. »
La signature du sieur de Bellezesses, seigneur de Saint-Éman, se retrouvera dans de nombreux actes, les registres en témoignent. (NDLR : on trouve aussi les orthographes « de Bellesesses », « de Bellezaize », « de Belleesses »).
C’est en octobre 1669, que le curé Crestot administre les derniers sacrements à Louise de la Vallée, veuve de Pierre de Bellezaize (*). Elle lègue à la fabrique de Saint-Éman, trois minots en pâture, au terroir du Croc. Avant l’empreinte de plusieurs générations de la famille Du Mouchet de la Mouchetière sur les terres de Saint-Éman, nous trouvons, en 1650 un sieur Claude de Piguerre. Pour la période de 1657 à 1662, lui succède René de Gestart, escuyer, sieur de Neuville et de Saint-Éman, sans autres informations.
(*) NDLR : Pierre de Bellezaize avait épousé Marie du Portail en premières noces, puis Louise de la Vallée fut sa seconde épouse.
Famille Du Mouchet de la Mouchetière
Blason de la famille Du Mouchet de La Mouchetière :
Un écu d’argent aux trois hures de sanglier, vues de profil. Et plus précisément : D'argent à trois hures de sanglier de sable en champ d'argent d’après la description donnée par Jougla de Morenas.
La présence de hure, la tête du sanglier, est assez rare en figures héraldiques. Elle symboliserait un guerrier intrépide et invulnérable. La dernière trace de ces armoiries était sur l’imposante porte de l’enceinte des communs du château aujourd’hui disparue.
La famille Du Mouchet de La Mouchetière, en la personne de Jehan Du Mouchet, présentait le 13 novembre 1540 une déclaration de noblesse devant les Élus du Perche et d’Alençon. La descendance trouvée dans le registre de la noblesse de France nous permet de situer l’arrivée de cette famille sur les terres de Saint-Éman, en août 1651. Dans l’ouvrage de l’abbé Joseph-Désiré Marquis paru en 1907, celui-ci indiquait une seigneurie disparue sur le territoire d’Illiers, celle de « La Mouchetière », une toponymie que l’on doit certainement au patronyme des descendants de la famille Du Mouchet de La Mouchetière qui avait régné durablement sur les lieux. Mais il convient toutefois de préciser que l’origine de cette lignée est à situer plus exactement à Préaux-du-Perche (du latin Pratellus, puis Préault en 1541) dans le département voisin de l’Orne, véritable berceau de la dynastie. Ces origines percheronnes ont durablement imprégné notre territoire, ont forgé nos racines, raison pour laquelle, à Saint-Éman, on se sent plutôt percheron que beauceron…
De génération en génération, nombreux furent les descendants à recevoir sur les fonts baptismaux le prénom de René. Celui qui vint s’établir sur les terres de Saint-Éman fut René Du Mouchet II, au Xème degré de la famille. Il est « né du second mariage de son père Jean Du Mouchet IIIe du nom qui avait précédemment épousé demoiselle Perronne Janvier, qui lui fit don d’une partie de la terre de Guignonville située dans la paroisse de Saint-Hilaire d’Illiers. Sur quoi après quelques différends survenus entre lui et le noble homme Me Robert Janvier, Sieur de la Biffais, Bailli du Marquisat d’Illiers, l’un et l’autre transigèrent le mardi 19 octobre 1655 ; et par cet acte la terre de Guignonville demeura en entier à Jean Du Mouchet qui s’était remarié par contrat du samedi 29 novembre 1642 avec demoiselle Françoise, Marie Gournil, fille de Martin Gournil, écuyer, Sieur d’Allonville ». Jean du Mouchet mourut le 7 juin 1669. Après le différend des terres de Guignonville et la passe d’armes avec le bailliage d’Illiers, (déjà !) la famille Du Mouchet allait durablement s’installer et régner sur la région.
Et c’est plus précisément avec René Du Mouchet, frère cadet de Jean que les terres de Saint-Éman voisines de Guignonville allaient entrer dans le fief de la famille… grâce à son mariage avec dame Richer. René Du Mouchet, écuyer, Sieur de La Mouchetière et de Boisgeastre, a été baptisé le mercredi 14 avril 1627. « Il épousa le jeudi 19 août 1651 la dame Claude Richer, veuve de Jean, Marie, Sieur de Neufbois et de Saint-Éman », terres apportées en dot. Le titre de Mouchet de La Mouchetière s’enrichissait désormais de celui de « Seigneur de Saint-Éman ».
En 1669, René du Mouchet IIème du nom, fils de Jean Du Mouchet et neveu de René Ier du nom, allait prendre les titres de Seigneur de La Mouchetière, de Guignonville, du Pafty (Les Pâtis), de Saint Amand (St Éman).
Il a été baptisé le 13 février 1648. Le 5 décembre 1667, il servait en qualité de volontaire dans la Compagnie du Marquis de Claire, et ensuite dans l’« arrière-Ban » à partir de 1674.
Il avait épousé en premières noces le vendredi 7 juin 1669 la demoiselle Colombe de Chambre, veuve de Pierre de Durcet, écuyer, Sieur de Tansonville et de Maisonfort. Le samedi 30 septembre 1673, il se mariera avec demoiselle Marie de La Barre, fille de Jacques de la Barre, Chevalier de l’Ordre du Roi, Seigneur d’Arbouville, de Groslieu, d’Aubville, de Hattonville, de Boisminard, et de Dame Marie des Mazis.
La signature de René du Mouchet de la Mouchetière se retrouve à maintes reprises dans les registres paroissiaux en sa qualité de seigneur et témoin dans les registres de baptêmes, de mariages et de sépultures au sein de la paroisse. Le 2 novembre 1677, René du Mouchet présentait sur les fonts baptismaux son fils Claude René. Les documents étaient entre autres cosignés par le curé et également par Jacques Moisant, marguillier de l’époque du Conseil de fabrique de la paroisse.
Le 26 janvier 1679 est inhumé en l’église de Saint-Éman René Du Mouchet de La Mouchetière de Saint-Éman avec les saints sacrements du curé Barabé.
Alors que le XVIIe siècle s’effaçait, le siècle des Lumières s’annonçait avec Henry-Claude Du Mouchet administrant les terres de Saint-Éman et des diverses métairies. Il porte de nombreux titres, fruits des dots accumulées par ses ascendants : Seigneur de La Mouchetière, de Saint-Éman, de Guignonville, de Boifminard, de Button, de la Roff, de Peton et de Préaux.
Il épousa le 31 décembre 1699 la demoiselle Françoise de Bazin-de Fresne, fille de François Marie de Bazin, ancien « Grand-Bailli » de Soissons, Comte de Fresne, et de Dame Catherine Bregent (*).
(*) NDLR : Dame Catherine Bregent, belle-mère d’Henry Claude Du Mouchet, épousa, à la mort de son mari, Charles Nicole, conseiller du Roi, lieutenant Général au Bailliage et Siège Préfidial de Chartres.
De ce mariage, Henry-Claude Du Mouchet eut cinq enfants, dont l’aîné fut héritier des titres, Henri, Barthelemi, Marie conformément au droit d’aînesse sur les successions.
XVIIIe siècle : De la famille Du Mouchet de La Mouchetière
à la famille De Malart
Famille Du Mouchet de la Mouchetière (suite)
Le XVIIIe siècle, à Saint-Éman a particulièrement été marqué par Henry Barthélémy Marie Du Mouchet de La Mouchetière jusqu’en 1789, quand l’heure de la Révolution française allait sonner…
Il est le représentant au XIIe degré de la descendance de la famille Du Mouchet. Il était anobli des titres de Seigneur de La Mouchetière, de Saint-Amant (1), du Pafty (NDLR : Les Pâtis, siège du château actuel), de Pefton, de Button, de Préaux, demeurant à Saint-Éman près d’Illiers en Beauce. Il est né le 17 juin 1704 et a épousé par contrat du 10 février 1734 la demoiselle Anne, Françoise, Marguerite de Givès (2) des Bois-Besnards (3), fille de Denys de Givès, écuyer, Seigneur des Bois-Befnards, de Creufi et d’Anne, Andrée de Loubes, sa mère.
(1) Nous avons droit à une nouvelle orthographe du nom de notre village, « Saint Amant » peu usité sous cette forme…
(2) Anne Françoise Marguerite de Gyvès, (Givès) était née le 27 novembre 1716. Elle avait pour marraine Marie Marguerite de Gyvès, qui était la femme de Nicolas de Boisguyon, seigneur de Chaussepot.
(3) Cette union allait permettre à la famille Du Mouchet de La Mouchetière de glisser dans son escarcelle des terres des Bois-Besnards.
Dans un acte de 1738, est enregistrée une « déclaration d’abattis de chênes et autres bois par Henri-Barthélémy-Marie Du Mouchet de La Mouchetière, seigneur de Saint-Éman, dans la paroisse de Saint-Éman ».
Le 20 juillet 1761, la Dame Anne Marguerite Françoise de Givais (Gyvès et aussi Givès) est citée comme marraine à la bénédiction de la cloche de Saint-Éman. Elle est l’épouse de Messire Henry Barthélémi Marie Du Mouchet de La Mouchetière :
« L’an mil sept cent soixante et un le vingt de juillet a été bénie au nom des saintes Anne et Henriette par nous prêtre curé de Saint Hilaire d’Illiers en beauce soussigné une cloche de cette église. Le parrain a été Messire Gilles Henri Decosne escuyer seigneur de Rouvray et autres lieux, la marraine Dame Anne Margueritte Françoise de Givais épouse de Messire Henry Barthélémi Marie Du Mouchet de la Mouchetière ecuyer seigneur de Saint-Eman… de Me Claude de Saint-Aubin curé de cette paroisse… de Louis Lenfans laboureur et sindic de cette paroisse, Jean Onillon ancien gager et autres qui ont tous signé avec nous le présent acte ».
Vers 1770, nous apprenons qu’à une audience du tribunal se tenait un « procès entre Henri-Barthélémy-Marie Du Mouchet de La Mouchetière, seigneur de Saint-Éman, et Paul Séaume, pour des terres sises à Saumeray ».
Henry Barthélémy Marie Du Mouchet de La Mouchetière allait avoir trois enfants dont Henri François Du Mouchet de La Mouchetière, aîné de la fratrie, né le 7 février 1735. Ce dernier allait se marier le 9 avril à Paris avec Marie Le Grand dont le père, Charles, était Baron de Jours.
Henri François Du Mouchet et Marie Le Grand allaient donner naissance à Marie, Madeleine, Louise, Henriette, le 11 mars 1781 à Arrou, qui, de par son mariage et sa dot, allait imprimer sur les terres de Saint-Éman l’empreinte d’une nouvelle lignée…. La famille De Malart.
Marie, Madeleine, Louise, Henriette Du Mouchet de Saint-Éman épousait le 25 février 1801 (*) à Dangeau, Louis, François, Alexandre de Malart. Une nouvelle ère s’annonçait au seuil du XIXe siècle.
(*) NDLR : 6 ventôse de l’An IX du calendrier républicain.
XIXe siècle : De la famille De Malart
à la famille De Goussencourt
Famille De Malart
Blason de la famille De Malart :
« Un écu d’azur, à une fasce d’or, chargée d’un fer à mulet de sable, cloué d’argent de sept pièces, et accoté de deux losanges de gueules ».
Louis, François, Alexandre de Malart est né le 12 août 1774 à Saint-Pierre-du-Mesnil dans l’Eure. Il était le fils de Jean Baptiste de Malart et de Marie Jeanne Françoise Douesy.
Il a été établi le 8 pluviôse an IX (28 janvier 1801) un contrat de mariage précisant les modalités de rapprochement des deux familles De Malart et Du Mouchet, par Me Daveze à Châteaudun.
De ce mariage naîtront trois enfants :
- Louis Alphonse de Malart (1802 – 1830)
Né le 29 août 1802 au château de Brétigny (Voir photo) à Dangeau. Il décède le 29 juin 1830 à seulement 27 ans.
Sa pierre tombale gravée est insérée dans le dallage du porche de l’église de Saint-Éman. Vous pouvez la voir, à droite, en entrant sous le « caquetoire ».
- Joseph Louis de Malart (1806 – 1870)
Il est né le 18 avril 1806 à Saint-Éman. Il y décédera, à l’âge de 63 ans, le 4 janvier 1870.
- Marie Louise Angèle « Azelle » de Malart (1808 – 1873)
Elle est née le 17 février 1808 à Saint-Éman. Elle se mariera le 11 novembre 1838 à Saint-Éman avec Charles Gustave de Goussencourt. Elle décédera le 18 août 1873, toujours à Saint-Éman à l’âge de 65 ans. Elle aura vécu toute sa vie au village.
Son rôle sera déterminant dans la suite des dynasties de seigneurs et châtelains de Saint-Éman. De par son mariage, elle apportera les terres et les bois du village à la famille de Goussencourt, qui, avec deux générations jusqu’en 1920, clôturera la longue lignée de noble parenté, chaîne humaine initiée depuis le XIe siècle, régentant et administrant le territoire émanois.
Comme indiqué en introduction de cette page, Louis, François, Alexandre de Malard fut l’un des premiers maires « républicains » de Saint-Éman, de janvier 1804 jusqu’en mars 1837.
Marie Madeleine Henriette Louise Du Mouchet, Dame de Malart, son épouse, décédera le 2 avril 1852, à l’âge de 71 ans. Elle a été inhumée dans le petit cimetière de Saint-Éman.
Louis, François, Alexandre de Malart est décédé à Saint-Éman le 28 avril 1858. Sur sa pierre tombale, la particule lui a été rendue, celle que la République, au lendemain de la Révolution, avait confisquée...
Famille De Goussencourt
Blason de la famille De Goussencourt :
Blason : « Écu d’hermine au chef de gueules ». Description faite par Jougla de Morenas.
Devise : « MALO MORI QUAM FOED ARI » (*)
(*) « Je préfère mourir que d’être déshonoré ».
Charles Gustave de Goussencourt
Charles Gustave de Goussencourt est né le 6 janvier 1803 au château de Grivesnes (*) berceau de la famille, dans le département de la Somme (80).
(*) Le château de Grivesnes a été bâti du XVIIe siècle par la famille de Goussencourt, en lieu et place d’un manoir seigneurial du XVe siècle qui avait été détruit par les troupes bourguignonnes du duc Charles le Téméraire vers 1470. Le château a subi d’importantes destructions pendant la Première Guerre mondiale lors d’une offensive française du 9 mai 1918.
Le 11 novembre 1838, Charles, Gustave de Goussencourt épouse Marie, Louise, Angèle « Azelle » de Malart à Saint-Éman.
NDLR : il s'agit là du vrai point de départ de la dynastie de Goussencourt, véritable bâtisseur de Saint-Éman (père de Edgard)
L’acte de mariage précise que l’époux « capitaine au Cinquième Régiment de Hussards, âgé de 35 ans, est domicilié depuis plus de six mois à Tarbes, département des Hautes Pyrénées où son Régiment est actuellement en garnison… autorisation donnée par Mr le Ministre de la Guerre pour contracter le présent mariage... »
Au fil des missions et des années, le capitaine deviendra... Général de brigade. Il sera maintes fois distingué, et récompensé : le 24 avril 1842, il est fait chevalier de la Légion d’honneur, puis officier le 10 août 1853 et Commandeur le 27 décembre 1861.
Le Général, Comte Charles Gustave de Goussencourt décède à Illiers le 22 septembre 1884.
L’abbé Marquis, curé d’Illiers, retranscrira dans les registres de la paroisse Saint-Jacques d’Illiers, l’inhumation du Comte Charles Gustave de Goussencourt qui s’est déroulée le mercredi 24 septembre 1884 :
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« … Funérailles solennelles de monsieur le Comte Charles Gustave de Goussencourt, Général de brigade dans l’arme de la Cavalerie, en retraite, Commandeur de la Légion d’Honneur, notre paroissien depuis environ onze ans, époque où ayant perdu son épouse à son château de Saint-Éman, il vint se retirer à Illiers. Il est décédé le vingt-deux précédent, âgé de quatre-vingt-un an et demi, muni à l’avance des Sacrements et ayant, tant que ses facultés le lui ont permis, donné des preuves touchantes de sa foi et de sa piété. Sa retraite n’a été consacrée qu’aux œuvres de bienfaisance. Nous l’avons reconduit dans l’après-midi à l’église et à la sépulture de famille de son ancienne paroisse de Saint-Éman et inhumé au milieu d’un religieux concours de peuple. Etaient présents à Illiers, outre la Noblesse des environs et une assistance d’élite, Mr le chanoine de Versailles, Lenfant, Mm. les curés de St Denis-les-puits, Charonville, les Châtelliers, Magny, Marchéville, Méréglise, Blandainville, Mr Hervé, chanoine honoraire, Professeur à l’Institution Notre-Dame, Rousseau, vicaire »
Charles, Gustave de Goussencourt a eu deux enfants nés en 1840 et en 1843.
- « Louis » Marie Ferdinand de Goussencourt (1840 – 1896)
Né le 21 janvier 1840 à Saint-Éman, il décédera le 24 juin 1896 à Vierville-sur-Mer. Ville où il s’était marié le 28 juin 1864 avec Marie de Marguerite de Rochefort (*).
(*) Son beau-frère, Léonce Charles de Marguerite de Rochefort a été maire de Vierville-sur-Mer de 1876 à 1887, famille fortement implantée sur le littoral normand.
« Louis » de Goussencourt y a résidé et en a fait sa dernière demeure à l’âge de 56 ans. Sa présence dans cette localité est avérée par un article publié en octobre 1893 par le journal « Le Bonhomme Normand » :
« Une vache de 300 fr. a été volée dans les herbages appartenant à la comtesse de Goussencourt, propriétaire à Vierville-sur-Mer ».
- Louis Antoine « Edgar » de Goussencourt (1843 – 1920)
Louis Antoine « Edgar » de Goussencourt est la dernière noble figure qui allait donner à Saint-Éman le visage d’aujourd’hui. Il est considéré comme le « bâtisseur » du village « contemporain » de la fin du XIXe siècle...
Au cours des visites guidées, son nom est souvent évoqué. Les ouvrages réalisés témoignent, comme des marque-pages, des épisodes de notre histoire : le château annonçant la IIIe république, le « bélier hydraulique », mécanisme hydraulique avant-gardiste, la briqueterie-tuilerie, symbole des métiers d’autrefois, et la « maison d’école » avec les lois Jules Ferry jusqu’à la refonte de la cloche « Marie-Antoinette » …
La refonte de la cloche en 1871 sera l’occasion d’unir symboliquement et pour toujours les deux blasons des familles De Goussencourt et de Malart, réunis sous une même couronne. Le tintement des cloches, en de rares occasions, fait aujourd’hui écho à ces temps révolus troublant le silence du repos éternel des dynasties qui ont marqué l’histoire de Saint-Éman.
Louis Antoine « Edgar » de Goussencourt est né à Saint-Éman le 10 septembre 1843. La déclaration en mairie a été faite par ses oncles et grand-père maternels. Son père Charles Gustave, capitaine au cinquième régiment des Hussards était en garnison. L’acte a été signé par M. Onillon, maire.
Edgar de Goussencourt
et Marie Charlery de La Masselière
Il s’est marié le 11 janvier 1870 à Fitz-James, dans l’Oise, avec Marie, Henriette, Amélie Charlery de La Masselière qui décédera le 7 novembre 1870 après avoir donné la vie, quelques jours plus tôt, à leur premier enfant Louise Marie Amélie le 29 octobre 1870… L’acte de naissance et l’acte de décès préciseront que leur père et conjoint, capitaine de la Garde mobile est momentanément domicilié à Verneuil dans l’Eure, mobilisé… quelques jours avant les bombardements de la ville d’Illiers par l’armée prussienne.
Louis Antoine « Edgar » de Goussencourt était capitaine à la 3ème Compagnie du 4e bataillon de la Garde mobile d’Eure-et-Loir à Nogent-le-Rotrou.
La guerre de 1870 (Voir page Saint-Éman au fil du temps >> De Sanctus Emanus à Saint-Éman >> Au temps de la guerre de 1870) allait l’éloigner de sa famille… Des morts sur les champs de bataille et le deuil, en son propre foyer, attendaient l’officier de Goussencourt avec le décès prématuré de sa jeune épouse laissant une petite orpheline de quelques mois...
En mai 1871, Edgar de Goussencourt sera élu maire de la commune de Saint-Éman… jusqu’en 1911. Les différents onglets de ce site Internet vous permettront de retrouver dans le détail les différents épisodes de sa vie et les actions entreprises dans et pour le village.
Edgar de Goussencourt et Gabrielle de Vernety de Saint-Hubert
C’est le 13 février 1874, qu’il se remariera avec Gabrielle de Vernety de Saint-Hubert à Orléans. Elle décédera le 13 août 1888 à l’âge de 38 ans au château de Saint-Éman. Décès qui surviendra à peine deux mois après l’inhumation de Louise Marie Amélie, âgée de 18 ans, la première fille d’Edgar de Goussencourt. Elles figurent toutes les deux, unies dans la mort, sur les mêmes feuillets du registre d’état civil de Saint-Éman.
En sa qualité d’officier, le Comte Edgar de Goussencourt sera associé à de nombreuses cérémonies du Souvenir, à la mémoire des soldats morts pour la France pendant les guerres de 1870 et de 1914-1918. Un service solennel en l’église paroissiale d’Illiers était célébré le 27 juillet 1916 « sous la Présidence d’Honneur de Monsieur le Capitaine Comte de Goussencourt ».
Le comte Edgar de Goussencourt aura de cette union six enfants :
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Marie-Louis, Gaston de Goussencourt (1875 – 1944)
Né le 7 janvier 1875 à Saint-Éman.
Marié en 1924 avec Juliette de Mazenod.
Il a fait l’école de St Cyr.
Officier, chef d’escadron de Cavalerie.
Chevalier de la Légion d’Honneur et Croix de guerre 1914-1918.
Il décède le 21 juin 1944 à l’âge de 69 ans.
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Marie Renée « Louise » de Goussencourt (1876 – 1960)
Née à Saint-Éman, au château familial, le 6 avril 1876.
Mariée le 22 mai 1900 à Saint-Éman avec « Gontran », François, Paulin Hüe (1865 – 1937).
Elle décède le 16 avril à Saint- Sauveur-lès-Bray en Seine-et-Marne à l’âge de 84 ans.
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Pierre-Marie « Emmanuel » de Goussencourt (1877 -1967)
Né le 15 avril 1877 à Saint-Éman.
Marié le 26 février 1908 à la mairie de Paris 10e avec Marguerite Villevaux (1872 – 1944).
Il se remariera quelques années après le décès de sa première épouse, le 23 novembre 1950, avec Augustine Dergel.
Il fit une carrière de cadre dans une banque et semble s’éloigner de la vocation militaire « viscérale » de la famille de Goussencourt… lignée d’officiers de père en fils….
Décède le 16 août 1967 à Paris 14e à l’âge de 90 ans.
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Anne-Marie de Goussencourt (1881 – 1968)
Née le 3 mars 1881 à Saint-Éman avec pour témoins sur son acte de naissance, François Colas, garde particulier domicilié aux Roselles, et Pierre Haquin, instituteur domicilié à Nonvilliers-Grand-Houx.
Elle décède le 6 mai 1968 à Boyer en Saône-et-Loire à l’âge de 87 ans.
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« Henri », Marie, Louis de Goussencourt (1882 – 1966)
Né le 20 novembre 1882 à Saint-Éman.
Marié le 4 septembre 1907 à Pontoise, Val-d’Oise, avec Gabrielle, Marie HÜE (1885 – 1952).
Décédé le 22 mai 1966 à Crulai dans le département de l’Orne.
Un de ses descendants, Patrick de Goussencourt, propriétaire agriculteur, sera maire de la commune de Crulai de 1995 à 2001.
- Marie « Elisabeth » de Goussencourt (1884-1972)
Elle est née à Saint-Éman le 26 janvier 1884.
Elle a épousé dans la même paroisse le 25 janvier 1910 Marie, Louis, Henri Riverieulx de Varax, propriétaire agriculteur à Boyer.
Décédée le 4 janvier 1972 à Boyer en Saône-et-Loire à l’âge de 88 ans.
Actes d'état-civil des enfants du Comte Edgar de Goussencourt et de Gabrielle de Vernety de Saint-Hubert
Acte de naissance de Marie-Louis, Gaston de Goussencourt le 7 janvier 1875 | Acte de naissance de Marie Renée « Louise » de Goussencourt le 6 avril 1876 | Acte de mariage de Marie Renée « Louise » de Goussencourt avec « Gontran », François, Paulin Hüe le 22 mai 1900 |
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Acte de naissance de Pierre-Marie « Emmanuel » de Goussencourt le 15 avril 1877 | Acte de naissance de Anne-Marie de Goussencourt le 3 mars 1881 | Acte de naissance de « Henri », Marie, Louis de Goussencourt le 20 novembre 1882 |
Acte de naissance de Marie « Elisabeth » de Goussencourt le 26 janvier 1884 | Acte de mariage de Marie « Elisabeth » de Goussencourt et Marie, Louis, Henri Riverieulx de Varax le 25 janvier 1910 |
La Vicomtesse de Goussencourt née Gabrielle de Vernety de Saint-Hubert est décédée le 13 août 1888. Le jeudi 16 août les paroissiens sont conviés à l’inhumation en l’église de Saint-Éman. Les années suivantes, des services « anniversaire » seront célébrés dans la même petite église.
Edgar de Goussencourt et Esther Stheme
Cinq ans après le décès de sa deuxième épouse, Edgar de Goussencourt se mariera le 2 mai 1893 à Nancy avec Marie Louise « Esther » Stheme, âgée de 30 ans.
Un fils naîtra de cette union, « Joseph », Marie, Antoine, de Goussencourt le 6 mai 1896 à Saint-Éman.
Louis Antoine Edgar de Goussencourt décédera à Chartres le 4 mars 1920.
Dix ans après, le 10 juin 1930, Melle Anne-Marie de Goussencourt, 6, place du Châtelet à Chartres est autorisée à transporter le corps de son père pour être inhumé à Saint-Éman.
Le document d’exhumation a été visé par le commissaire de police à la date du 12 juin 1930 avec, au dos la mention suivante : « M. le Comte E. de Goussencourt a été inhumé dans la fosse de la comtesse de Goussencourt née Charlery morte en 1870 ».
La dernière descendante occupant le château de Saint-Éman
C’est une descendante d’Élisabeth de Goussencourt qui s’était mariée avec Marie Louis Henri Riverieulx de Varax qui sera la dernière de la lignée à occuper le château de Saint-Éman après la mort du Comte Edgar de Goussencourt en 1920 :
Marie Nathalie « Isabelle » d’Arnal de Serres était la fille d’Hélène de Varax et d’Emmanuel d’Arnal de Serres (*)
(*) NDLR : il y a cependant un risque de confusion dans cette généalogie, puisqu'il existe un mariage, le 6 novembre 1929 au Puy-en-Velay, entre un Emmanuel d'Arnal de Serres et une Hélène de... Veyrac ! Le problème étant que cette Hélène de Veyrac est la fille de Maurice de Veyrac et Noémie Penet de Monterno, alors qu'Hélène de Varax est la fille de Marie Louis Henri Riverieulx de Varax et Elisabeth de Goussencourt.
Si un des descendant de ces familles ou un généalogiste averti a une idée sur cette énigme, il est invité à nous la soumettre : ahp.sainteman@gmail.com. Merci !
Le patronyme « de Goussencourt » s’effaçait du paysage et le parc du château se laissait envahir par les ronces avec quelques limbes de souvenirs d’une aristocratie locale accrochés aux épines.
Les sépultures Du Mouchet de La Mouchetière, De Malart, de Goussencourt
Pendant trois siècles, les lignées Du Mouchet de La Mouchetière, de Malart, de Goussencourt ont imprimé leurs empreintes sur les terres de Saint-Éman. Au fil des générations, au gré des alliances ces familles ont marqué l’histoire du village, imprégner les fondations de son habitat traditionnel… jusqu’à se faire oublier des émanois de l’ère moderne.
Ces trois siècles, long épisode temporel, se réduisent aujourd’hui à quelques sépultures dans un arpent de terre du cimetière, chaos de pierres tombales blotties contre l’église, abritées des turpitudes d’un monde où tout va trop vite, où tout s’efface… Les derniers descendants de la famille d’Edgar de Goussencourt qui ont pris racine au domaine du Pâtis, dans le château « neuf », où ils ont vu le jour, où les jeunes filles de la famille se sont mariées… n’ont plus repris le chemin de Saint-Éman, ce petit village entre Beauce et Perche. Ces dernières décennies, les maires, au fil des mandats, n’ont jamais eu l’occasion de saluer un descendant nostalgique… ou en « pèlerinage » sur la terre de leurs ancêtres.
… Jusqu’à cette journée du jeudi 26 août 2021 où Michèle Cat, maire du village, accueillait Béatrice Gaigg, arrière-petite-fille du Comte Edgar de Goussencourt. Elle venait d’Autriche accompagnée de son mari, Gérald, architecte. Elle réside à Innsbruck, dans la région du Tyrol. Elle est l’animatrice de l’Institut franco-tyrolien en lien avec l’ambassade de France en Autriche.
Béatrice Gaigg est la fille de Robert de Goussencourt, le plus jeune des enfants, né en 1934, de Marie-Louis, Gaston de Goussencourt (1875 – 1944), officier de cavalerie, chevalier de la Légion d’honneur, fils aîné d’Edgar de Goussencourt.
Béatrice et Gérald Gaigg ont eu à cœur de s’imprégner des lieux, berceau de la famille. Une visite guidée du village leur a permis de retrouver les ouvrages que l’on doit à leur arrière-grand-père, Edgar de Goussencourt « le bâtisseur » et plus particulièrement la « maison d’école » pour laquelle Gérald Gaigg en architecte avisé, a manifesté un intérêt tout particulier.
Ils se sont ensuite recueillis devant les sépultures familiales oubliées et désertées faisant de cette initiative, celle d’une arrière-petite-fille qui recherche ses racines, un joli moment d’émotions.
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