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Des pièces de monnaie
découvertes à Saint-Éman

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Cet article est le clin d’œil d’un Émanois, qui va modestement et temporairement s’improviser numismate à travers ces quelques lignes, avec l’envie de vous faire partager le « trésor » découvert lors de la restauration du maître-autel de l’église en octobre 1992.

article Echo Républicain 20 octobre 1992

En démontant l’autel, les restaurateurs bénévoles ont découvert derrière la boiserie, au niveau du tronc, placée sous le buste de saint Éman, une trentaine de pièces ayant glissé de la boîte disjointe. Ces témoins du passé en monnaie sonnante et trébuchante couvrent une période allant de 1656 à 1856… deux siècles d’offrandes !

 

Parmi ces pièces, un liard de 1656 et plusieurs décimes de l’an 5, et bien d’autres encore... mais la plupart usées et indéchiffrables, dommage ! Les pièces à l’effigie du roi Louis XVI et de Napoléon III sont par contre relativement  bien conservées. On peut les détailler malgré leur sombre patine.

Liard de France - Louis XIV - 1656

Le liard est d’abord apparu dans le Dauphiné au XVe siècle, par la suite cette monnaie a été officiellement adoptée par la France à partir de 1654.

 

Le liard de France, en notre possession, à l’effigie de Louis XIV, datant de 1656, avait une valeur de 3 deniers ou un quart de sou, c’était une pièce de faible valeur.  Elle a un diamètre de 22 mm pour un poids de 2,88 g.

 

Au revers de la pièce, nous pouvons voir trois lys encadrant la lettre de l’atelier : H.

 

A l’avers, on peut lire l’inscription : L.XIIII.ROY.DE.FR.ET.DE.NA.1656. (traduction : Louis XIV, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre) avec la gravure du buste, en profil droit, de Louis XIV, couronné, drapé et cuirassé.

 

Au début du règne de Louis XIV, en 1649, le liard apparaissait pour la première fois en cuivre et son nom devenait : « Liard de France ». Cette monnaie allait être dévaluée par la suite, et représentait ainsi la plus petite dénomination du système monétaire du royaume. Les dernières frappes du liard remontent à 1792 mais cette pièce restera en usage jusqu’en 1856 pour pallier à l’absence récurrente de petite monnaie dans le pays.

Liard de France - Louis XIV - 1656
Liard de France - Louis XIV - 1656
 Sol dit « à l’écu » Louis XVI - 1780
 Sol dit « à l’écu » Louis XVI - 1780

 Sol dit « à l’écu » Louis XVI - 1780

Le sol dit « à l’écu » Louis XVI de 1780 est en cuivre. Son poids est de 11 g pour un diamètre de 30 mm. Cette pièce est dite « à l’écu » car elle reprend le symbole du bouclier support du blason et des armoiries : l’Écu de France couronné.

 

Sur l’avers de la pièce, LUDOV.XVI.-D. GRATIA. (Louis XVI, par la grâce de Dieu) avec le buste nu de Louis XVI, profil gauche, cheveux noués par un ruban.

 

Au revers, on peut lire : FRANC.ET.-A-NAVARR REX - 1780 - (traduction : Roi de France et de Navarre).

 

La valeur du sol était de 12 deniers, ou 4 liards. Le louis d’or représentait quant à lui 480 sols.

 

À titre d’exemple, sous Louis XVI, il fallait débourser 4 sols pour un kilo de pain, 14 sols, en moyenne, pour un kilo de viande, 30 sols pour un kilo de beurre.

 

Depuis l’époque médiévale, c’était la numération duodécimale qui s’appliquait à la monnaie car la douzaine est divisible par 2, 3, 4 et 6, alors que la dizaine ne peut être divisée que par 2 et par 5. Cette numération facilitait les échanges et les transactions au quotidien.

Pièce Louis XVI de 12 deniers dit « au faisceau » - 1792

Dans notre collection, nous trouvons également une pièce de 12 deniers dit « au faisceau » de 1792, à l’effigie de Louis XVI, avec l’inscription : « LA NATION-LA LOI-LE ROI ». Sur le motif, le faisceau est sommé d’un bonnet phrygien entre deux branches tressées de chêne. La pièce de 12 deniers avait vocation à remplacer le sol qui valait quatre liards. Sur les pièces de 12 deniers, on trouve l’inscription: LOUIS XVI ROI DES FRANÇAIS ou FRANÇOIS avec ou sans cédille.

 

Si, à Saint-Éman, les modèles en notre possession sont cuivrés, les pièces de 12 deniers ont majoritairement été faites avec du métal de cloche. Ce métal ne pouvait pas se frapper sans être allié au cuivre, car il est très cassant. Les proportions de cuivre étaient différentes selon les ateliers de fabrication, d’où les teintes variables des pièces.

 

Face au manque de petite monnaie et à la pénurie de matières premières, l’Assemblée Nationale, en 1791, fit décrocher les cloches des églises qui n’étaient pas déjà tombées lors de la Constitution Civile du Clergé afin de les fondre, pour permettre la réalisation de monnaies. Des ateliers provisoires sont ouverts dans l’urgence pour pallier au manque de numéraire.

 

Par décret des 14 et 22 avril 1792, 100 000 cloches seront fondues et moins de 10 000 survivront dans tout le pays. La cloche Marie-Antoinette de l’église de Saint-Éman fait figure de rescapée.

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Décime de l’an 5 du Directoire - 1796
Décime de l’an 5 du Directoire - 1796

Décime de l’an 5 du Directoire - 1796

Le décime de l’an 5 (1796-1797), sous le Directoire, était une dénomination monétaire utilisée en France jusqu’en 1815. Le terme est issu du système décimal, mis en place par la Convention nationale (régime politique post-Révolution, du 21-09-1792 au 26-10-1795) et par la loi du 18 germinal an III établissant le franc divisé en 100 centimes.

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Les premiers essais de frappe de cette monnaie ont été réalisés dès 1793. Ces pièces ont peu circulé. Le stock aurait été réquisitionné à des fins militaires pour faire face aux guerres de Vendée. Il a fallu attendre 1796 pour retrouver les pièces en plus grand nombre, marquées « décime » d’un poids de 20 grammes et d’un diamètre de 30 mm, avec, en gravure, le bonnet phrygien, emblème de la République. Les décimes étaient de bronze ou de métal de cloches. La valeur de cette pièce était de 10 centimes. Elle a été frappée à plus de 100 millions d’exemplaires, suffisamment pour que quelques-unes se perdent dans le tronc de notre petite église pour demander les bonnes grâces de saint Éman.

 

Faute de frappes officielles de monnaie divisionnaire en bronze jusqu’en 1848, les décimes ont été tolérées de façon officieuse, pour les transactions courantes au  quotidien, jusqu’à l’arrivée des pièces marquées Dix centimes à l’effigie du Prince Louis-Napoléon, futur Napoléon III. Ceci explique la forte usure des pièces parvenues jusqu’à nos jours.

10 centimes Napoléon III - 1856

On a également trouvé une pièce de 10 centimes Napoléon III, datée 1856, modèle tête nue, en bronze avec une faible quantité d’étain et de zinc, poids de 10 grammes avec un diamètre de 30 mm, digne héritière du décime évoqué précédemment. Il existe aussi un modèle tête laurée pour les millésimes 1861-1865.

 

Pour cette pièce, vous remarquerez les détails suivants :

 

A l’avers, effigie gauche de l’empereur Napoléon III entourée par l’inscription « NAPOLEON III EMPEREUR » et le millésime 1856. Sous l’effigie se situe la signature du graveur Jean-Jacques Barre.

 

Au revers, l’aigle impérial sur un foudre, avec, en dessous, la lettre de l’atelier de frappe. Notre pièce porte la lettre A, celle de l’atelier de Paris. Sur le pourtour, est portée la mention : EMPIRE FRANÇAIS*DIX CENTIMES*

 

Cette pièce a été démonétisée le 1er janvier 1935.

10 centimes Napoléon III - 1856
10 centimes Napoléon III - 1856
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