Le puits des Fauquetteries
Du puits à la pompe à bras… au robinet
1899 - 1966
L’eau est vitale au quotidien pour les villageois, pour le bétail… elle crée aussi un lien social d’importance autour des lavoirs, des puits, des fontaines avec les us et coutumes qui y sont attachés. Les commérages, les potins, les rumeurs y coulent à flots… l’eau s’en fait l’écho, et la source est loin d’être tarie ! L’eau est aussi gage d’hygiène, de santé publique. Ses qualités biologiques font l’objet de surveillance et d’analyses accrues depuis l’instruction ministérielle du 23 juillet 1892.
C’est au travers du puits des Fauquetteries que nous allons illustrer ce sujet de l’eau depuis nos archives de 1899 jusqu’aux années 1960, dans le village de Saint-Éman. Cette question prend tout son sens en cette période de réchauffement climatique de notre planète, de la baisse des nappes phréatiques, de la raréfaction des ressources, des exigences sanitaires et des coûts induits.
L’eau, un enjeu vital pour les générations futures… Pour illustrer et témoigner de cette préoccupation majeure, la presse locale, L’Écho Républicain, a notamment consacré le mercredi 29 novembre 2023 un dossier de 16 pages sur les enjeux de la ressource en eau sur nos territoires.
N.D.L.R. : La retranscription, ci-après, des délibérations du conseil municipal liées au sujet traité, est fidèle aux textes des différents registres. Les secrétaires de mairie se sont succédé au fils des ans, des mandats, avec pour chacune d’entre elles, une approche différente notamment au niveau des civilités, et de la syntaxe.
N.D.L.R. : La photo ci-contre, sans être celle du puits des Fauquetteries de 1899, est à l’image du descriptif mentionné sur le devis établi le 20 avril 1899 par M. Augustin Taillandier, puisatier, maçon à Illiers : maçonnerie de brique hourdée en mortier de chaux hydraulique, charpente et couverture en zinc avec moulinet et chaîne.
Le 12 juillet 1942, le Conseil municipal de Saint-Éman décidera d’installer une pompe à volant sur le puits communal. Cette pompe à eau est toujours visible de nos jours et témoigne de ces temps où, été comme hiver, qu’il pleuve, qu’il vente, il fallait se rendre à la pompe remplir, à la force des bras, des seaux bien lourds à porter.
Délibération du Conseil municipal
Le 2 mars 1899, le Conseil municipal (*) de Saint-Éman a décidé la construction d’un puits au hameau des Fauquetteries desservant également le Petit Bois Barreau et sollicité l’autorisation d’acquérir le terrain destiné à servir d’emplacement.
(*) N.D.L.R. : À l’époque, le Conseil municipal était composé de : M. le Comte de Goussencourt, maire, MM. Fauquet, Beaudoux, Chauveau, Grégoire, Louis Auguste, Courteil Albert, Courteil François, Crépeau, Harranger.
Dans la foulée était signée la promesse de vente pour l’acquisition de terrain destiné au forage d’un puits avec M. Alphonse Verdier, propriétaire de la parcelle.
Le soussigné, Verdier Alphonse, cultivateur au Petit Bois Barreau, Commune de Saint-Éman, s’engage à vendre à la commune de Saint-Éman pour y établir un puits, la quantité de quatre-vingts mètres carrés de terrain à prendre dans une parcelle lui appartenant, et sise auprès du hameau des Fauquetteries, […] pour la somme de vingt centimes le mètre carré, soit une somme totale de seize francs. Le terrain à vendre sera pris à l’Est dans toute la largeur de la dite parcelle et il sera payé dans l’année.
Vu et accepté par le Conseil municipal réuni en Séance extraordinaire sous la présidence de M. le Comte de Goussencourt maire au lieu ordinaire de ses séances.
A Saint-Éman, le deux mars mil huit cent quatre vingt dix neuf.
Enquête de « commodo ».
Le 10 mars 1899, la Préfecture d’Eure-et-Loir invitait le maire de Saint-Éman à ouvrir une enquête de « commodo (*) ».
(*) N.D.L.R. : Une loi de 1833 a introduit l’enquête préalable dite de « commodo et incommodo » à la Déclaration d’utilité publique. Elle a pour objet d’assurer l’information et la participation du public ainsi que la considération des intérêts des tiers lors de l’élaboration de certaines décisions administratives locales.
Le courrier rappelle que l’enquête doit être annoncée huit jours à l’avance à son de trompe ou de tambour et par voie d’affiche placardée au lieu principal de réunion publique, afin que les intéressés ne puissent en ignorer, et parce que cette publicité autorise à compter le silence des absents comme vote affirmatif. L’annonce de l’enquête doit toujours être le dimanche.
À l’expiration du délai de publication, un Commissaire-enquêteur recevra pendant trois heures, à la mairie, les observations qui pourront être faites pour ou contre le projet.
Le Préfet a désigné M. le Maire des Châtelliers-Notre-Dame pour remplir les fonctions de Commissaire-enquêteur.
Il est demandé à M. le maire de Saint-Éman de « faire analyser l’eau destinée à l’alimentation des habitants tant au point de vue chimique qu’au point de vue bactériologique. Les échantillons d’eau seront pris dans le puits le plus voisin (N.D.L.R. : à la ferme des Lubineries) de celui à établir et l’analyse pourra être confiée au laboratoire que dirige à Chartres, rue Henri Garnier(*), M. Garola, Professeur départemental d’agriculture ».
(*) N.D.L.R . : Rue qui relie celles de la Rue Serpente et la Rue du Soleil d’Or.
Le 27 mars 1899, M. Gaubert, maire des Châtelliers, désigné comme Commissaire-enquêteur, rédigeait et signait le procès-verbal d’estimation du terrain : « […] avons fixé l’estimation du prix du terrain à trente centimes le mètre carré soit dix centimes de plus que celui demandé par le vendeur ».
Arrêté préfectoral.
Le 29 août 1899, le Préfet d’Eure-et-Loir prend l’arrêté suivant :
Nous Préfet d’Eure-et-Loir
Chevalier de la Légion d’Honneur,
Officier de l’Instruction publique,
Vu la délibération en date du 2 mars 1899, par laquelle le Conseil municipal de St Éman a décidé la construction d’un puits au hameau des Fauquetteries et sollicité l’autorisation d’acquérir le terrain destiné à servir d’emplacement,
[…]
Considérant que l’établissement d’un puits rendra les plus grands services aux habitants des hameaux des Fauquetteries et du Petit Bois Barreau, et que l’enquête n’a donné lieu à aucune réclamation,
arrêtons :
Le Maire de Saint-Éman, au nom de cette commune et aux fins sus énoncées est autorisé à acquérir de M. Verdier Alphonse, cultivateur au petit Bois-Barreau, moyennant le prix principal de seize francs, une parcelle de terrain d’une contenance de quatre vingts mètres carrés à prendre à l’est d’une pièce de plus grande importance, sise au hameau des Fauquetteries et inscrite au plan cadastral sous le n° 119 de la section A.
Chartres, le 29 Août 1899
Le Préfet d’Eure-et-Loir,
Signé : Maitrot de Varenne(*)
(*) N.D.L.R. : Paul Maitrot de Varenne fut préfet d’Eure-et-Loir du 9 mars 1896 au 16 janvier 1900.
L’acte de vente définitif soumis aux formalités de l’enregistrement a été signé le 12 novembre 1899 entre M. le Comte de Goussencourt, maire de St Éman et le sieur Verdier Alphonse.
Devis de forage du puits.
Un devis a été établi le 20 avril 1899 par Augustin Taillandier (*), ancien puisatier, maçon à Illiers :
(*) (N.D.L.R. : Il avait été demandé à M. Taillandier, artisan local, et ancien puisatier, un devis pour permettre au maire de St Éman d’établir un plan de financement et de subventions pour les travaux de forage).
Forage(*) d’un puits de 30 mètres de profondeur avec murs en maçonnerie de briques.
(*) N.D.L.R. : D’après la carte agronomique de Saint-Éman réalisée par le professeur Garola vers 1882, nous savons que le forage allait se faire dans un sol et sous-sol d’argile à silex composé de 15 à 20 % de graviers.
Chapitre 1 :
Forage du puits, fouille de terre de toute nature pour puits de 1m32 de diamètre jusqu’à 30 mètres de profondeur y compris montage de la terre au treuil et au seau et transport jusqu’à 25 mètres.
Le mètre de profondeur 14fr. soit 30 m à 14fr. 420
Maçonnerie de brique hourdée au mortier de chaux hydraulique y compris jointoiement
Prix du travail seul, le mètre de profondeur 6fr. Soit 30m à 6fr. 180
Total du 1er lot 600fr.
Chapitre 2 :
Fourniture de matériaux, prix
1° Brique spéciale, sur modèle présenté
16.000 à raison de 38 fr. le mille rendu, Soit 38x16 608
2° Sable du Briscou
6 m. à 6fr. Soit 36
3° Chaux hydraulique
30 sacs à 2fr.20 Soit 66
4° Charpente et couverture en zinc 100
5° Moulinet et chaîne 100
Total du 2e lot 910fr.
Le tuilier de Saint-Éman
Le 29 octobre 1899, il est convenu entre le Comte de Goussencourt et Joseph Harranger, tuilier à Saint-Éman que ce dernier fournira toute la brique nécessaire pour la construction du dit puits. Pour mémoire, le devis Taillandier en date du 20 avril 1899, pour le forage du puits, prévoyait 16.000 briques.
L'assurance contre les accidents
Un contrat d’assurance contre les accidents a été souscrit à effet du 20 novembre 1899, par la Commune de Saint-Éman, représentée par son maire, Monsieur le Comte de Goussencourt, auprès de l’Association industrielle des Travailleurs Français, 16, Boulevard Chasles à Chartres.
« La Société garantit, pendant toute la durée du travail, moyennant la somme de 120 fr. à forfait, frais médicaux & pharmaceutiques compris, quatre ouvriers occupés au forage d’un puits appartenant à la Commune de St Éman ».
Travaux de forage et maçonnerie
Après le devis initial rédigé par Augustin Taillandier, ancien puisatier et maçon à Illiers, c’est finalement Victor Rivière, entrepreneur de puits à La Chapelle- Royale, qui effectuera les travaux de forage et de maçonnerie selon acte du 19 novembre 1899.
« Il a été convenu et arrêté ce qui suit :
Mr Rivière s’engage à exécuter les travaux au prix de :
Forage 14 francs
Maçonnerie en brique 6 francs
Soit 20 francs le mètre de profondeur.
Si par suite de la nature du sol il était nécessaire de descendre à une plus grande profondeur l’excédent serait payé au même prix.
Les cailloux et le sable provenant des fouilles seront payés 1 franc le mètre à l’entrepreneur.
Tous les étaiements nécessaires sont à la charge de l’entrepreneur qui reste entièrement responsable des accidents qui pourraient se produire. Les travaux seront terminés au plus tard à la fin janvier 1900.
L’entrepreneur ne devra pas enlever le treuil avant qu’il soit procédé à la réception des travaux.
L’entrepreneur sera soldé en deux fois, la moitié arrivé à l’eau, et le reste trois mois après la réception.
L’entrepreneur n’étant pas à la garantie des accidents, la commune a contracté une assurance à la Compagnie Association industrielle des Travailleurs français […] laquelle compagnie s’engage à garantir contre les accidents et pendant la durée des travaux tous les ouvriers occupés au forage du puits ».
Secours de la Préfecture
Par lettre du 9 décembre 1899, le maire de Saint-Éman recevait cette lettre de M. le Préfet d’Eure-et-Loir :
« J’ai l’honneur de vous informer que je viens de délivrer le Mandat de paiement du secours de deux cents francs que, sur ma proposition, la Commission départementale a accordé à votre Commune pour la construction d’un puits ».
Session du Conseil municipal
du 17 février 1901
Le Conseil décide qu’aussitôt que le temps le permettra, la Commission pour surveillance des travaux s’occupera des travaux du puits. Ces travaux seront terminés par Paul Savoye maçon aux Dauffrais. Le puits aura une charpente avec deux cercles en fer, et sera couvert en zinc. Le curage du puits sera fait par M. Péronneau, puisatier à Marchéville.
Session du 29 mai 1927
Plus d’un quart de siècle après… le puits des Fauquetteries fait reparler de lui :
« Le Conseil est d’avis de faire réparer la chaîne du puits des Fauquetteries ».
17 janvier 1932
Dans le prolongement de la délibération du 22 novembre 1931 relative au projet de forage de deux puits, un dossier a été constitué et déposé chez M. Fournier, architecte comportant :
- État des décès depuis 5 ans. (N.D.L.R. : 5 décès sur la période 1927-1931. Il est porté sur l’état la mention manuscrite suivante : Aucune épidémie n’a été enregistrée sur la commune depuis des temps immémoriaux. Ce document devait apporter la preuve que l’eau de la commune n’avait pas provoqué par exemple d’épidémie de dysenterie…).
- Tableaux de recensement 1930-1931.
- Plan cadastral.
Session du 12 juin 1932
Le Conseil municipal, présidé par Charles Sotteau, maire, approuve les plans, devis et cahier des charges du projet de construction de puits dressés par Monsieur Fournier, architecte à Illiers et se montant à la somme de quatre vingt mille francs, sollicite une subvention sur les fonds du Pari Mutuel (*), sollicite une subvention du département, demande le bénéfice d’une avance à taux réduit, décide l’acquisition des terrains nécessaires et demande l’autorisation de commencer les travaux du puits des Roselles avant l’octroi de la subvention.
(*) N.D.L.R. : Une loi de 1923 a instauré un prélèvement sur les jeux de hasard du Pari Mutuel afin de participer au financement de la prophylaxie sociale et de la santé publique avec notamment l’accès à l’eau potable.
9 septembre 1932
Le 9 septembre 1932, M. Sotteau Charles, maire, adressait une lettre au Préfet d’Eure-et-Loir :
Monsieur le Préfet,
J’ai l’honneur de rendre compte à Monsieur le Préfet que, pour me conformer à sa note du 26 août, j’ai fait placarder sur les côtés du puits communal des Fauquetteries, trois affiches portant la mention suivante :
« Eau non potable – usage interdit »
Je laisse ainsi la possibilité aux habitants de ce hameau de se servir de l’eau du puits pour leurs bestiaux.
Cette mesure est-elle suffisante ?
Ci-joint copie de l’analyse, en communication.
D’autre part, je tiens à déclarer à Monsieur le Préfet, que dans sa séance du 22 novembre 1931, le Conseil Municipal de Saint-Éman a voté le principe de la restauration du puits des Fauquetteries avec l’aménagement d’une pompe. Ce projet a été approuvé par Monsieur Lutaut, géologue.
En conséquence, pour éviter des frais inutiles, je viens vous demander si par « Condamner d’une manière absolue », l’inspecteur départemental des services d’hygiène envisageait la destruction du puits.
Le Maire,
Sotteau.
Session du 22 novembre 1931
Le Maire, Charles Sotteau, expose que les hameaux des Roselles, de la Morinerie sont dépourvus d’eau potable. Il demande, en conséquence, la création de puits dans ces hameaux et d’une pompe sur le puits des Fauquetteries.
Le Conseil considérant que cette proposition est justifiée charge Monsieur Sotteau de vouloir bien se mettre en rapport avec M. Lutant, géologue à Paris. Le Conseil lui donne tous pouvoirs pour établir les dossiers nécessaires à la demande de subvention du Pari Mutuel. Il l’autorise à prier Monsieur Fournier, architecte à Illiers, de vouloir bien établir dès maintenant les devis d’évaluation de la dépense.
Session extraordinaire du 2 avril 1932
Monsieur le maire informe le Conseil municipal que Monsieur Lutant, géologue à Paris, est venu accompagné de Monsieur Fournier, architecte à Illiers, procéder le mardi 19 janvier 1932 à l’étude géologique du projet de construction de puits communaux et d’installation d’une pompe aux Fauquetteries, et donne lecture du rapport de M. Lutant. Avant de rédiger le projet, il y a lieu de procéder à un essai de débit sur le puits des Fauquetteries et une analyse de l’eau pour chacun des puits.
Session du 21 août 1932
Eaux contaminées.
Monsieur Fournier, architecte, donne lecture des résultats des analyses de l’eau du puits des Fauquetteries. Les conclusions sont les suivantes :
« Eau faiblement minéralisée, ayant une réaction acide et présentant une contamination notable ».
Il expose que pour éliminer les infiltrations qui contaminent l’eau du puits, il y aura lieu d’exécuter sur toute la hauteur de la maçonnerie un enduit en ciment étanche, que la dépense supplémentaire envisagée est de 5.000 fr. ce qui porte à 85.000 fr. l’ensemble du projet.
N.D.L.R. : Pour mesurer le coût financier du projet, il paraît utile de préciser que les comptes administratifs et de gestion de l’exercice 1932 pour la commune de Saint-Éman s’élevaient à 11.691 fr. en Recettes et 9.448 fr. en dépenses à rapprocher donc à cette dépense de 85.000 fr. !
Projet d’eau à usage agricole à Saint-Éman
Session du 4 février 1934
Le maire, Charles Sotteau, expose que les hameaux des Fauquetteries, de la Morinerie et des Roselles sont actuellement dépourvus d’eau pour les besoins du bétail et de la culture.
Il propose au Conseil municipal de demander à Monsieur le Ministre de l’Agriculture (*) le concours gratuit du service du génie rural pour l’étude d’un projet d’alimentation en eau agricole ainsi qu’une subvention pour l’exécution du projet.
(*) N.D.L.R. : Ministre de l’agriculture en 1934 : Henri Queuille sous les gouvernements d’Édouard Daladier, puis de Gaston Doumergue.
Session du 18 novembre 1934
Le maire donne lecture du projet d’eau à usages agricoles dressé par le service du génie rural.
Le Conseil, à l’exception de Messieurs Courteil et Grégoire, approuve le projet d’eau à usage agricole ainsi établi qui s’élève à la somme de quatre vingt mille francs.
Il sollicite pour financer ce projet :
1° une subvention du génie rural
2° une subvention du département dans le paiement de l’annuité de l’emprunt que la commune sera appelée à contracter.
Session du 17 février 1935
Le Conseil municipal prend l’engagement, au nom de la Commune, d’assurer à ses frais la conservation en bon état des ouvrages et, à cet effet, d’inscrire à son budget chaque année les ressources nécessaires.
N.D.L.R. : C’est à ce stade du projet d’installation d’eau qu’aux élections municipales de mai 1935, M. Duchêne Félicien deviendra maire de Saint-Éman succédant à M. Sotteau Charles.
Session extraordinaire du 13 avril 1937
Projet d’eau à usage agricole enterré...
« Le Maire donne lecture au Conseil de la lettre de l’Ingénieur du Génie Rural, en date du 6 avril dans laquelle il invite le Conseil Municipal de St Éman à prendre à ses frais la conservation en bon état des ouvrages. Le Maire rend compte des diverses démarches qu’il a faites à la Préfecture et auprès de Monsieur Triballet, député. Il expose que le projet, tel qu’il est constitué, concernant l’amenée d’eau à usage agricole et non l’adduction d’eau potable… et qu’en conséquence les subventions qui devaient être de l’ordre de 80 % se trouvent ramenées à 33 %.
Le Conseil municipal, ouï cet exposé, décide d’abandonner purement et simplement le projet d’amenée d’eau à usage agricole ».
Préconisation de l’Inspection départementale d’Hygiène
pour la désinfection d’un puits souillé
Assécher le puits
Curage du puits
Laisser revenir l’eau à son niveau habituel
Prendre un litre d’eau de Javel par mètre d’eau contenu dans le puits
Verser la moitié de la quantité d’eau de Javel prévue dans un seau d’eau et rejeter brusquement cette eau en brassant si possible.
Recommencer avec un second seau dans lequel on aura versé la seconde moitié d’eau de Javel
Laisser en contact 48 heures.
Assécher à nouveau le puits
L’eau revenue à son niveau habituel pourra être consommée si elle était potable avant la souillure accidentelle. Dans le cas contraire, elle sera à nouveau analysée avant de pouvoir être consommée.
Session du 7 février 1942
Le principe de la pose d’une pompe sur le puits des Fauquetteries est admis. Le Conseil invite le Maire (N.D.L.R. : René Courteil) à examiner cette question et à soumettre à une prochaine séance un devis d’achat et frais de pose.
Lors de la séance du 17 mai 1942 :
Le Conseil municipal autorise le Maire à traiter avec M. Coppenolle Yvon, plombier à Illiers, l’achat et l’installation d’une pompe aux Fauquetteries.
Session extraordinaire du 12 juillet 1942
Cette réunion extraordinaire était présidée par René Courteil, Maire. Étaient présents, Courteil René, Courteil Albert, Esnault, Ratier, Grégoire James.
Absents : Prisonniers de guerre, Duchêne Mary, Crépeau René, Percheron Louis.
Le maire présente au Conseil municipal le devis d’installation d’une pompe sur le puits des Fauquetteries établi par M. Fournier, architecte à Illiers.
Le devis s’élève à 10.000fr. et M. Coppenolle, plombier à Illiers, accepterait de poser cette pompe si la Commune de St Éman est autorisée à traiter avec lui aux conditions du devis.
Le Conseil Municipal
Considérant que le treuil du puits communal des Fauquetteries est très pénible et demande des réparations importantes,
Considérant que l’eau du puits des Fauquetteries quoique réputée non potable à l’usage humain, rend de grands services pour abreuver les animaux et les besoins de la culture,
Considérant que l’affiche actuellement apposée sur le treuil du puits rappelant aux usagers que l’eau du puits est non potable à l’usage humain, sera collée sur le corps de la nouvelle pompe,
Autorise le maire à traiter avec M. Coppenolle la pose de la pompe, désigne Monsieur Fournier, architecte à Illiers pour diriger les travaux, affecte au paiement des travaux les sommes ci-après :
6 000fr à prélever sur l’excédent budgétaire
4 000fr montant d’un emprunt à contracter au taux de 3 % remboursable en 4 ans.
Session extraordinaire du 29 juin 1958
Monsieur Gérard Courteil cultivateur aux Fauquetteries demande l’autorisation d’installer une pompe électrique sur le puits communal des fauquetteries, tout en laissant le libre fonctionnement de l’autre pompe. Cette installation est entièrement aux frais de Monsieur Gérard Courteil. L’autorisation lui est accordée.
Session extraordinaire
du 18 septembre 1966
Le Conseil ayant appris que l’eau du puits d’Illiers montant à 16 m au dessus du château de St Éman avec une pression de 2k500 demande par lettre au Président du S.I.E.R.I. (N.D.L.R. : Syndicat Intercommunal des Eaux de la Région d’Illiers) de faire venir l’eau aux fermes des Lubineries, les Fauquetteries, le Petit Bois Barreau par Illiers et non pas par Nonvilliers comme le syndicat des eaux en avait l’intention puisque le niveau de hauteur de ces fermes est inférieur à 16 m.
N.D.L.R. : Le 19/07/2021, nous avons eu confirmation des points suivants :
Le Petit Bois Barreau, le Grand Bois Barreau, les Roselles et les Fauquetteries sont alimentés en eau potable par le réseau et le château d’eau de Nonvilliers-Grand-Houx bien que la commune de Saint-Éman soit rattachée au S.I.E.R.I.
Une régularisation comptable est faite annuellement entre la Régie des Eaux de Nonvilliers et les services du S.I.E.R.I.
Au niveau du Grand Bois Barreau, se trouvent la clé et la purge du réseau qui alimente aussi les Forts, la canalisation traverse les bois.
La séparation des deux réseaux se situe au niveau des Lubineries, ce lieu-dit est rattaché au S.I.E.R.I. dont le siège est à Illiers-Combray.
En 2023, sur le territoire de la commune, quelques pompes sont toujours présentes, aux Lubineries, aux Pâtis, elles témoignent de cette période où il fallait aller tirer l’eau du puits, … faisant écho aux citations :
« En buvant l’eau du puits, n’oubliez pas ceux qui l’ont creusé ».
Proverbe Chinois.
« Les œuvres, comme dans les puits artésiens, montent d’autant plus haut que la souffrance a pu creuser le cœur ».
Marcel Proust
« On croit que l’homme est libre… on ne voit pas la corde qui le rattache au puits, qui le rattache, comme un cordon ombilical, au ventre de la terre ».
Antoine De Saint-Exupéry
12 mars 1934
M. le Préfet d’Eure-et-Loir informait M. le Maire de Saint-Éman que le projet d’amenée d’eau à usage agricole dans les hameaux de Fauquetterie, Morinerie et les Roselles avait été présenté à M. le Ministre de l’Agriculture qui faisait instruire cette affaire.
Lettre du Ministre de l’Agriculture,
8 février 1935
à Monsieur l’Ingénieur en Chef du génie rural de la Circonscription de Paris-Ouest.
Vous m’avez adressé le 4 octobre 1934 un projet d’amenée d’eau à usages agricoles intéressant la commune de St-ÉMAN et vous m’avez proposé l’attribution d’une subvention pour la réalisation de ce projet.
J’ai l’honneur de vous faire connaître, qu’après consultation des conseils techniques…, ce projet me paraît susceptible d’être pris en considération. Toutefois la décision attributive d’une subvention demeure subordonnée à la réalisation des conditions suivantes :
Création des ressources nécessaires au paiement de la part contributive de la commune […]
Il vous appartiendra de me rendre compte de cette réalisation et je pourrai alors envisager, lorsque les disponibilités des crédits d’engagement me le permettront, l’attribution d’une subvention conformément aux règles en vigueur.
Vous voudrez bien porter ces indications à la connaissance du Maire de la commune de Saint-Éman.
Session du 2 juin 1935
Monsieur Duchêne rend compte de ses démarches faites auprès de la Préfecture sur la suite donnée aux projets d’électrification et d’alimentation en eau à usage agricole.
Session du 25 février 1940
Eau non potable
Le maire de St Éman rend compte au Conseil Municipal que l’analyse de l’eau de la source et du puits des Fauquetteries a donné les résultats suivants :
« Eau non potable à utiliser après ébullition ».
Le Conseil émet l’avis d’informer la population de ce résultat.
Avis placardé à la Fontaine et au Puits.
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AVIS
Le Maire de la Commune de Saint-Éman se fait un devoir de prévenir la population que l’eau de la « SOURCE de SAINT-EMAN » et du « Puits des FAUQUETTERIES » est réputée : NON POTABLE.
La consommation de cette eau ne doit se faire qu’après lui avoir fait subir :
soit une ébullition pendant 10 MINUTES
soit une adjonction de 6 gouttes de teinture d’iode du CODEX (N.D.L.R. : Codex de 1908 traitant de l’influence de la température et de la lumière sur la teinture d’iode) par litre avec contact de 15 minutes
soit une adjonction d’une goutte d’eau de Javel et d’une cuillerée à soupe de vin blanc par litre.
À Saint-Éman, le 25 février 1940
Le Maire de Saint-Éman
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Adduction d’eau potable
sur la région d’Illiers
René Fournier, architecte à Illiers, adressait le 20 juillet 1939, cette lettre à Monsieur Duchêne, maire de Saint-Éman :
La Ville d’Illiers m’a chargé d’étudier l’alimentation en eau potable de l’ensemble de la population, c’est-à-dire :
l’amélioration de l’Adduction actuelle du bourg qui date de 40 ans et l’alimentation des hameaux.
Il ne paraît pas possible de terminer cette étude sans tenir compte de la proximité de certains hameaux des communes voisines, tels que :
- Bréhainville déjà réalisé avec Magny.
- La Foret et Prétouville avec Blandainville.
- La Passe Loyère, la Billanche voisins de Saint-Avit-les-Guespières.
- La Rivière, La Leu, La Revetterie voisins de Vieuvicq.
- Guignonville voisin de St Éman, etc.
En accord avec Monsieur le Maire d’Illiers, je viens donc vous demander si vous verriez un inconvénient de principe à ce que l’étude entreprise soit orientée dans le sens que je vous indique ci-dessus.
Devis descriptif et estimatif
de M. Fournier, architecte
Démolition de la couverture actuelle. Aménagement des abords, fourniture et mise en place d’une plaque de couverture de fonte de 1.30 x 1.30, un bâti de commande avec vilebrequin, tête de bielle, coussinets bronze, volant avec manivelle.
Une grande colonne de sortie d’eau avec tube fer noir 40 x 49 avec piétement de IM en tube 60/70 avec bride renforcée et robinet de puisage en cuivre de 35 mm, hauteur de la colonne 2 m.
Dans le puits, supports en fer U scellé à 1 m avec croisillons pour supporter la tête de pompe et la colonne de refoulement. Un différentiel en fonte, coulisse en laiton à deux cuirs emboutis, colonne en tube fer galvanisé 80/90 jonctionné par manchons et brides.
Un corps de pompe en laiton avec piston cuivre garni, clapet à anneau, une aspiration en tube fer galvanisé avec clapet de pied, crépine en bronze.
Cette installation livrée en parfait ordre de marche, Prix forfaitaire : 9.200 fr
Travaux imprévus et divers 326 fr
Honoraires de l’architecte 475 fr
TOTAL 10.000 fr
N.D.L.R. : Au cours des différentes démarches administratives menées auprès de la Préfecture d’Eure-et-Loir sur cette période de 1942-1943, nous voyons sur les pièces reçues en mairie de Saint-Éman, l’apposition du tampon avec l’emblème de l’ordre de la Francisque gallique attribuée par le régime de Vichy en marque spéciale d’estime au Maréchal Pétain. Elle était « le symbole du sacrifice et du courage et rappeler une France malheureuse renaissant de ses cendres ». Le Préfet, à l’époque, de novembre 1941 à janvier 1944, était M. Pierre Le Baube, de triste mémoire notamment avec sa note au Commandant de gendarmerie, demandant l’arrestation des juifs se trouvant sur le marché de la ville de Chartres le 27 juin 1942. Il relayait fidèlement les ordres de Vichy et a eu un rôle actif dans l’arrestation des juifs, notamment lors de la préparation de la rafle du Vel’d’Hiv en juillet 1942. A la préfecture d’Eure-et-Loir, il avait succédé à Charles Donati… et Jean Moulin.
Session extraordinaire du 13 juillet 1965
Le Maire (N.D.L.R. : Mary Duchêne) informe le Conseil que l’analyse de l’eau des puits des Fauquetteries et des Lubineries a révélé que ces eaux étaient non potables. Il pense qu’il serait prudent et urgent de faire analyser les eaux des différents puits de la commune par mesure d’hygiène et afin de pouvoir signaler par des pancartes les puits impropres à la consommation.
Les différents points d’eau à analyser sont : le Pt Bois Barreau, 2 puits à la Morinerie, le Pâtis, le Château, la fontaine de St Éman.
Ces analyses seront faites aux frais de la Commune ainsi que les analyses faites aux Lubineries et aux Fauquetteries.
© Christian Guyon - 11/2023