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L'étang "Choquet" à Saint-Éman

L'étang « Choquet »

L’année 2022 marque le cinquantenaire de la création de cet étang familièrement appelé l’étang « Choquet ». Une idée, un projet qui a germé au milieu des « Prés de Saint-Éman ». Cet anniversaire est une belle occasion pour en écrire la genèse et éclairer le promeneur qui poursuit nonchalamment sa balade jusqu’à l’étang après être venu (re)découvrir les « Sources du Loir ».

Vue cadastrale de l'étang Choquet
Lettre de M. Jean Seutin, le 10 juillet 1971, au maire de Saint-Éman

C‘est par un courrier en date du 10 juillet 1971 que Jean Seutin, président de la Société de Pêche d’Illiers « Les Brochetons », vient solliciter auprès de Gérard Courteil, maire de Saint-Éman et de son conseil municipal, l’autorisation de creuser un étang dans un terrain que l’association allait louer auprès de M. et Mme Choquet Henri, propriétaires. 

Le bail emphytéotique, pour quatre vingt dix neuf années, est signé entre les parties quelques jours plus tard, le 16 juillet 1971, à l’office notarial « Jacques Fournier et Gaston Wilpotte » d’Illiers-Combray. Le loyer annuel représente la valeur de cinq quintaux soixante six kilogrammes de blé, comme le veut l’usage des fermages, payable annuellement et d’avance le premier juillet de chaque année. Par clause spécifique, M. et Mme Choquet demande que l’Association de pêche leur délivre chaque année, ainsi qu’aux propriétaires successifs en cas de mutation, trois cartes gratuites destinées à leur permettre de pêcher dans le bassin piscicole et d’y chasser avec deux invités.

Page du bail emphytéotique signé le 16 juillet 1971

À l’échéance de ce bail, le 30 juin 2070, le village présentera certainement une autre facette… mais une chose est certaine, l’étang devrait être à la même place. En effet, à la page 8 du bail, il est écrit « Les bassins et aménagements resteront en fin de bail la propriété de M. et Mme Choquet ou de leurs ayants-droits (NDLR : à défaut des nouveaux acquéreurs) qui ne pourront en aucun cas exiger le rétablissement des lieux dans leur état primitif »… à moins que le réchauffement climatique assèche définitivement l’étang !

 

Les conditions particulières du bail précisent que l’association « Les Brochetons d’Illiers » est autorisée à faire creuser et aménager à ses frais un bassin piscicole. Il est également mentionné que l’Association bénéficie du droit de chasse sur les parcelles louées pendant toute la durée du bail.

 

Le site de l’étang d’une surface totale de 1ha 46a est constitué de trois parcelles cadastrées aux lieux-dits « Prés de Saint-Éman » et « La Folie ». Henri Choquet avait acquis en 1935 une parcelle de 48 ares auprès de M. Pierre Vignat, gérant de laiterie, demeurant à Voves. Une autre parcelle de 59 ares provenait d’un échange avec Melle Yvonne Moulin résidant au 25, rue de Chartres à Illiers. La 3ème parcelle était un bien propre d’Henri Choquet, hérité en 1927 de ses parents, André Choquet et Geneviève Françoise.

 

En prévision du creusement de l’étang, des sondages de sol sont demandés à M. Claude Charron, entreprise de Travaux Publics à Illiers-Combray. Le 23 décembre 1971, il adresse un courrier à l’ingénieur des Mines à Chartres :

            « Suite à notre entretien, concernant les travaux de fouilles en excavation, pour le creusement de l’étang de St Éman, je vous confirme par la présente les termes de notre conversation, à savoir :

            Après avoir exécuté des sondages, le sous-sol ne contient pas de matériaux négociables, de plus la profondeur de la fouille à exécuter, n’excède pas 1m60 à 1m70.

            Il pourrait très bien se produire que nous rencontrions une couche pierreuse qui celle-ci servirait à construire l’accès à cet étang et qui est un chemin communal…. ».

 

La phase administrative du dossier touchant à sa fin, les travaux peuvent commencer à la sortie du printemps 1972… avec l’arrivée des beaux jours.

À Saint-Éman, le traditionnel pèlerinage du mois de mai fêtant notre saint pluvieux n’ayant plus cours depuis l’année 1963, la pluie va faire défaut pour mettre en eau l’étang fraîchement creusé. Le 24 juillet 1972, un courrier de M. Jean Seutin, Président des « Brochetons d’Illiers », est adressé à la Direction Départementale de l’Agriculture « demandant l’autorisation d’établir une prise d’eau dans la rivière le Loir en vue d’assurer, en période de sécheresse, l’alimentation en eau d’un étang de pêche créé par cette Société sur le territoire de la commune de Saint-Éman ».

Un arrêté préfectoral est pris le 30 octobre 1973 et transmis en mairie de Saint-Éman. L’article 1er indique que la Société de pêche « Les Brochetons d’Illiers » est autorisée aux fins de sa demande. La prise d’eau projetée sera constituée d’une buse de diamètre 400 mm établie en rive droite du Loir.

Parallèlement aux demandes initiées par la Société de pêche, le Conseil municipal multiplie les démarches pour rendre carrossable le chemin de desserte de ce qui est appelé « Le centre de Loisirs de St Éman », une appellation indiquant manifestement que la municipalité envisage de faire de l’étang un lieu de rencontres, de convivialité avec des animations co-organisées avec « Les Brochetons d’Illiers ». C’est ainsi que, plusieurs années durant, à l’occasion des fêtes du 14 juillet, des feux d’artifices furent tirés sur l’étang par Gérard Courteil, maire, et quelques bénévoles, en équilibre sur une plateforme flottante, à leurs risques et périls. Les normes de sécurité sont telles aujourd’hui que ce type de réjouissance n’est plus d’actualité. En 1995, avant l’acquisition du terrain multi-activités à l’entrée du village, l’aménagement d’un parcours santé avait été initialement envisagé autour de l’étang.

1ère page de l'arrêté préfectoral du 30 octobre 1973

Le 22 janvier 1973, l’entreprise Charron de Travaux Publics d’Illiers, transmet un devis à la mairie :

            Création d’une route de desserte ayant une longueur de 685 mètres et une largeur de 4 mètres.

            Fourniture et mise en œuvre de tout venant silex 0/120 sur une épaisseur de 0m25, réglage, cylindrage.

            Fermeture au sable gras pour façon de joints et cylindrage.

            Montant T.T.C. :   29 000 Frs.

 

Par délibération du 29 avril 1973, les membres du Conseil municipal (*) votent les travaux sur le chemin communal n°2 desservant l’étang, la commune bénéficiant d’une subvention de 10 000 Frs. Le 8 mars 1973, le conseiller général, M. André Gillot, informe M. Gérard Courteil, maire, du bénéfice de cette subvention au titre du Fonds Départemental de Péréquation.

(*) NDLR : Ms Courteil Gérard, Choquet, Vernoy, Huillery, Silly, Mme Payement.

Acte d'acquisition de l'étang Choquet le 24 juin 2005

Plusieurs années après… Le 24 juin 2005, un acte administratif d’acquisition de l’étang est signé entre la commune de Saint-Éman et l’indivision Choquet (*) suite aux décès de M. et Mme Choquet-Coquan. La commune de Saint-Éman est représentée par Melle Robinet Céline, maire. M. Contet Michel, 1er adjoint, par délégation, est également signataire de l’acte.

(*) NDLR : l’indivision Choquet est composée de M. Choquet Henri fils, M. Choquet André, Mme Choquet Paulette épouse Roi, Mme Choquet Jeannine épouse Duparc et M. Choquet Pierre.

 

Signatures figurant au bas de l'acte d'acquisition de l'étang Choquet le 24 juin 2005

Dans ce document, nous constatons que suite au remembrement foncier opéré sur la commune après 1972, la surface des nouvelles parcelles cadastrées (ZA 36, ZA 37) de l’étang est portée à 1ha 75a.

Pour cette acquisition foncière, la commune va bénéficier d’une aide du Conseil départemental, présidé par M. Albéric de Montgolfier, concourant à permettre aux collectivités d’acquérir et de mettre en valeur  leurs espaces naturels sous l’égide du Conservatoire du Patrimoine Naturel de la Région Centre. Le conseiller général du canton d’Illiers-Combray, M. Jean-François Manceau, suivait tout particulièrement ce dossier pour faciliter l’obtention d’une subvention qui au final  s’élèvera  à 3 600 €.

Délibération du conseil municipal de Saint-Éman le 21 décembre 1982

Pour la petite histoire, il est bon de rappeler que le 21 décembre 1982, le Conseil municipal de Saint-Éman a pris une délibération pour autoriser l’association des « Brochetons d’Illiers » à creuser un deuxième étang sur des parcelles appartenant à Ms Gérondeau et Noury. Sa superficie est de 43 a 71 avec une profondeur de l’ordre de 0.80m au point haut, le bassin étant alimenté par une source située à l’entrée du terrain. Le 25 janvier 1983, l’ingénieur des Mines consulté par la commune, donne son accord pour l’excavation considérant que la nature du sous-sol ne laisse pas prévoir l’existence d’un gisement de sables et graviers économiquement exploitable. Au niveau cadastral, le chemin rural N° 20 des « Prés de Saint-Éman à La Folie » fera l’objet d’un nouveau tracé avec échange de parcelles entre les différents propriétaires : la commune de Saint-Éman, M. Noury et M. Choquet.

Réponse du 10 janvier 1983 de la Préfecture d'Eure-et-Loir à la mairie de Saint-Éman
Le plan cadastral des "Prés de Saint-Éman"

Les modifications cadastrales ont été réalisées par M. Gilles Hermand, géomètre-expert à La Loupe, quant au plan de bornage il a été finalisé par M. Desobeaux Géomètre-expert à Brou. Ce petit plan d’eau niché au milieu des bosquets est aujourd’hui une propriété privée à l’accès interdit qu’il convient de respecter.

Ce projet d’extension confirme une nouvelle fois la nature lacustre et « fluviatile » des lieux. Autour de lui, le promeneur découvre de nombreux rus, jamais taris, drainant les multiples sources captées au milieu des champs et des peupleraies. Les joncs des marais et les rejets de saules témoignent de la proximité de la nappe phréatique affleurant le sol. Les cuvettes d’eau et les nombreux fossés sinueux sont comme autant de fossettes, et de ridules sur la physionomie, le visage de notre territoire agraire aux allures parfois de bocages normands… entre Beauce et Perche.

Galerie photos « Étang Choquet » aux différentes saisons - © C.Guyon (2021 et 2022)

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