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Au temps d'un moine-pèlerin au VIe siècle : Emanus

Martyre d’un saint homme au VIe siècle

Au milieu du VIe siècle, un infatigable moine venant d’Asie mineure, de l’Anatolie, de Cappadoce plus précisément, arrivait en terre des Carnutes pour évangéliser et convertir les rustres occupants de la contrée s’étendant autour d’Islar (Illiers aujourd’hui).

Dans le Bréviaire du Diocèse, il est écrit que saint Eman se fixa dans « le pagus chartrains, in pago Carnotensi ». Cet homme pieu était venu prêcher la bonne parole à travers les forêts profondes et hostiles, il avait pour nom : Emanus. Il était accompagné de ses fidèles disciples Almaire et Maurel. En ces terres, les pratiques de la culture celte dispensée par les druides étaient encore fort prégnantes et ses occupants parlant une langue barbare restaient sourds aux messages, et aux préceptes du christianisme. Les communautés locales s’adonnaient toujours à la vénération des grandes pierres et au culte des arbres et des fontaines. Aux Ve et VIe siècles, si les grandes cités étaient devenues chrétiennes, le paganisme subsistait encore au fond des campagnes à l’ombre des forêts à l’image de la région d’Islar. Dans la capitale des carnutes, les évêques Ethère, puis saint Lubin allaient organiser et sceller les premières pierres des paroisses du diocèse. Les premiers missionnaires saint Chéron et saint Santin venus évangéliser Autricum (Chartres) aux IVe et Ve siècles précédents auraient précédé Emanus en effectuant quelques incursions du côté d’Islar (*).

 

(*) NDLR : On trouve également l’ orthographe de Sibernia ou Islernia.

 

Emanus venant de Chartres, s’arrêtait à la lisière des bois, là où expirait la forêt du Perche, près d’un lieu qui s’appelle encore aujourd’hui « la Forêt ». Les premières terres arables étaient situées au niveau de « Houdoir » (de Hou, bois ; doar, terre). En cette contrée s’élevait une petite chapelle dite de Saint-Éman, attestant de sa présence, et qui a été détruite au XVIIIe siècle. De cet oratoire, Emanus allait, par de nombreuses visites, convertir le seigneur des lieux, Bladastus, qui a donné le nom de Blandainville, au village voisin.

Emanus poursuivait sa mission d’évangélisation jusqu’au Loir, se reposant et priant souvent dans une petite clairière près d’une source aux eaux claires. De cet endroit, il se rendait régulièrement dans un hameau, situé entre Illiers et Grandhoux, qui porte aujourd’hui le nom de Dauffrais. Dans un texte ancien, nous trouvons son nom primitif : « Dans forest » témoignant de la conquête, par les hommes, de la culture sur la forêt. 

La clairière à la fontaine, si prisée par le missionnaire, allait devenir le 16 mai 650 le théâtre du martyre de ce saint homme qui, après avoir parcouru 880 lieues (soit 3.500 km) à pied, à cheval, venant de sa Cappadoce natale allait connaître une mort tragique lui ouvrant pour l’éternité les portes du Paradis, et donner, en ce lieu consacré, naissance à un bourg qui porte aujourd’hui le nom de Saint-Éman, genèse de notre village.

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